Réconciliation nationale, appareil politique et tensions dans la majorité… : Diomaye cent voies


Le thème de la réconciliation nationale est central dans la gouvernance du Président Bassirou Diomaye Faye depuis son accession au pouvoir en mars 2024. Il s’agit d’un engagement-clé qui se manifeste à travers plusieurs initiatives et déclarations du chef de l’Etat. La crise actuelle est venue s’ajouter à ces orientations auxquelles n’adhère pas tout l’establishment de Pastef.
By Bocar SAKHO –C’est un chantier politique énorme : depuis son accession à la magistrature suprême en mars 2024, le Président Bassirou Diomaye Faye a placé la réconciliation nationale au cœur de son projet de gouvernance. Elu sur la promesse de la «rupture» après des années de fortes tensions politiques et sociales, son mandat est explicitement orienté vers la guérison des fractures historiques et récentes du Sénégal. Face à une société sénégalaise polarisée par les événements des années précédentes, le Président Faye a réaffirmé que la cohésion nationale est sa «seule et unique boussole». Dans ses allocutions à la Nation, notamment lors des fêtes nationales, le chef de l’Etat a exhorté les citoyens à retrouver l’esprit d’unité incarné par la devise nationale : «Un peuple, un but, une foi.» Il a insisté sur la nécessité pour toutes les Forces vives de la Nation de «regarder dans la même direction», celle du développement et de l’avenir des jeunes générations.
Apaiser les tensions politiques
Si l’élection de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko a été perçue comme un geste de décrispation majeure, le processus de réconciliation politique reste délicat. Le dialogue s’étend aux anciens adversaires, mais les défis persistent, y compris au sein de la coalition au pouvoir (Pastef) où des observateurs relèvent des divergences sur l’exercice de l’autorité. La mission reste d’éviter que les querelles politiciennes n’entravent le projet de transformation du pays et de maintenir le cap sur les attentes du Peuple.
Le processus de réconciliation nationale mené par le Président Faye se veut un engagement global, touchant à la politique, au territoire, à la Justice et à la diplomatie régionale. Il s’agit d’un effort pour reconstruire les fondements de la confiance et de l’unité, condition sine qua non pour le succès du projet de «rupture» et de développement du Sénégal. Pour manifester cette volonté, les deux journées du Dialogue national instauré par son prédécesseur sont réservées à la Justice et surtout au dialogue politique. Ces inclinaisons présidentielles n’enchantent pas tout le monde dans la sphère du pouvoir de Pastef dont les radicaux espèrent une traque des dignitaires des anciens régimes.
La crise en latence puis assumée au sein du régime, qui a éclaté au grand jour, à cause du choix de Mimi Touré de coordonner la relance de la Coalition Diomaye Président, est alimentée aussi par cette volonté d’apaiser le climat politique pour refermer une cassure ouverte depuis les évènements de mars 2021-juin 2023. Pour saluer la «mémoire des martyrs», une journée est prévue le 28 novembre, en attendant d’éventuelles poursuites judiciaires pour éclairer les zones d’ombre qui entourent ce dossier explosif.
Aujourd’hui, Bassirou Diomaye Faye entame un tournant politique décisif, à plus de 3 ans de la Présidentielle de 2029. Si les supposés médiateurs essaient de réconcilier les positions, cet horizon semble si lointain avec des variables politiques très importantes. Mimi Touré avait entamé le processus de relooking de la coalition pour doter Diomaye d’un appareil politique, pour sans doute porter une nouvelle ambition politique, provoquant un déchainement de réactions excessives sur la page Facebook de la Présidence dont les auteurs seront traqués par les services de la Cybercriminalité. Même si ses intentions ne sont pas clairement affichées pour cette échéance.
A 45 ans, il serait «humain» de vouloir carburer pour un nouveau quinquennat. Cette éventualité est un influx supplémentaire pour faire monter l’adrénaline au sein de la mouvance présidentielle. Silencieux depuis le début de la «guerre froide», Fadilou Keïta balance une nouvelle charge. Alors que tout le monde escomptait la fin de celle-ci : «La réponse politique aux actes posés par Mimi Touré doit être portée par nos sections communales, en relation avec l’ensemble des responsables du parti militant dans lesdites coordinations (ministres, directeurs généraux, députés, Pca…).» Il ajoute : «Au nom et pour le compte de Pastef/Les Patriotes, il faut agir avec force et détermination, puis entamer de préparer la candidature de Ousmane Sonko en 2029 dont les résultats potentiels s’annonceront avec les résultats des Locales de 2027. Nous pouvons avoir des divergences internes, mais les incursions dans nos rangs ne sauraient être tolérées.»
bsakho@lequotidien.sn

