Réconciliation nationale et ouverture politique : DIOMAYE FACE À LA BARRIÈRE PASTEF

Depuis qu’il est élu, le Président Faye insiste sur l’importance de la réconciliation nationale pour repartir sur de nouvelles bases. Mais, il devra faire face à une aile dure au sein du parti Pastef, qui préfère régler ses comptes. Ce qui risque de compromettre toute perspective d’ouverture dans un contexte où les positions des différents camps sont figées, créant une forme de polarisation du camp politique.Par Malick GAYE –
Un autre jour se lève… Le Président Faye, qui a mis fin aux conjectures sur une éventuelle crise institutionnelle liée à des différends avec son Premier ministre, veut ouvrir une autre page de sa gouvernance : la réconciliation nationale. Il le répète inlassablement. Depuis son discours de Président élu, il essaie de construire sa Prési-dence sur ce chantier. Mais, sur du sable mouvant. Lundi, il a profité de la remise des conclusions du Dialogue national pour le réitérer : «Aujourd’hui, notre seule préoccupation doit être la paix et la stabilité politique du pays. Toute autre démarche que nous entreprendrons en tant que gouvernants sera contre-productive aux yeux des Sénégalais, et nous risquons même d’être méprisés. En tant que président de la République, conscient de mes responsabilités, je veillerai à la stabilité du pays. Je connais parfaitement la situation dans laquelle j’ai trouvé le pays. Le Sénégal était profondément divisé, même au sein des familles, la tension était palpable. Mon premier chantier a été donc de réconcilier les Sénégalais.» Le chef de l’Etat a refait un diagnostic de la situation socio-politique du pays. Mais, les blessures au sein du parti Pastef ne sont pas totalement refermées.
Comment va-t-il y arriver ? Une frange du parti qui l’a porté au pouvoir réclame toujours des poursuites judiciaires contre leurs «martyrs» en référence aux évènements de mars 2021, juin 2023 et février 2024 qui ont fait une dizaine de morts. Si une loi d’amnistie efface certains délits, les crimes de sang et de tortures restent imprescriptibles, poussant les militants de base de Pastef à demander des comptes judiciaires.
Aujourd’hui, la cassure dans le pays est toujours ouverte. C’est un euphémisme. Car les positions antagonistes sont assumées avec virulence. Elles mettent en lumière des ressentiments que les 15 mois d’exercice du pouvoir n’ont pas pu masquer. Ce qui risque de se proroger le long du mandat de Faye, alors que la situation économique «difficile» étreint les Sénégalais pressés d’entrevoir un avenir plus radieux. Mais, le Dialogue politique va-t-il déboucher sur une réconciliation nationale ?
Si la tonalité «républicaine» de son discours de lundi a un écho plus rassembleur, sur les réseaux sociaux, un baromètre pour mesurer l’opinion de Pastef, ce n’est pas forcément l’adhésion totale. Même si le président de la République a pris le soin de dire qu’il n’y a pas de conflit avec son Premier ministre, il n’a pas manqué d’être ferme. «Je ne vais pas continuer à faire ce que les autres faisaient et que j’ai dénoncé en faisant 11 mois de prison. Pour une Justice indépendante, il faut libérer (les acteurs).» Une manière de montrer qu’il refuse de s’immiscer dans la bonne marche de la Justice. Hier, les militants de Pastef ont montré que Sonko reste un leader qui fédère leur enthousiasme. Ils se sont déplacés en masse à la Cité Keur Gorgui pour lui souhaiter «un joyeux anniversaire». A 51 ans, le Premier ministre peut montrer qu’il est sorti de cette séquence plus ragaillardi.
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