Réconciliation nationale : L’Ethiopie va libérer des hommes politiques emprisonnés

C’est un coup de tonnerre dans le ciel politique éthiopien. Le Premier ministre annonce la libération d’hommes politiques et d’autres personnes emprisonnés ces dernières années. Hailemariam Dessalegn ne donne aucune précision sur les personnes concernées, ni sur leur nombre éventuel. Il a fait l’annonce ce mercredi matin lors d’une conférence de presse à Addis-Abeba. Et évoque aussi la fermeture de la plus tristement célèbre prison d’Ethiopie.
Sur les réseaux sociaux, les réactions se multiplient depuis hier midi. Beaucoup de surprise et même de la joie chez les opposants. C’est une décision «sortie de nulle part», confie un journaliste local à Rfi. Comme tout le monde, il n’a appris la tenue de cette conférence de presse qu’au dernier moment. Le Premier ministre était entouré des présidents des partis qui composent la coalition au pouvoir à Addis-Abeba (les partis Oromo, Amhara, Tigréen et des Nations du sud). Ces dernières semaines, l’Eprdf (Ethiopian people’s revolutionnary democratic front) s’est réuni pour trouver des solutions à la crise que traverse le pays de la Corne de l’Afrique. Crise politique à l’intérieur entre les partis de la coalition, crise politique et sociale à l’extérieur de cette coalition avec divers conflits inter-régionaux qui minent l’Ethiopie depuis des mois.
La décision annoncée hier midi est prise dans l’optique de «créer une atmosphère de réconciliation nationale», selon Hailemariam Dessalegn. Des hommes politiques et d’autres détenus devraient donc être libérés. Qui ? Et combien ? On ne sait pas. Le porte-parole du gouvernement explique à Rfi qu’il faut «attendre, car cela prend du temps d’enquêter pour décider qui mérite le pardon».
Des dizaines de milliers de personnes arrêtées
L’autre annonce importante du Premier ministre est la fermeture prochaine de la prison de Maekelawi («central» en amharique), tristement célèbre pour avoir été un centre de torture pendant la période dictatoriale du Derg (1974-1991). Ce lieu, en plein centre d’Addis-Abeba, était encore utilisé pour torturer, selon un rapport de Human rights watch de 2013. Il devrait être transformé en musée.
Depuis près de trois ans, l’Ethiopie est secouée par des vagues de protestations dans plusieurs des Etats-régions qui composent la fédération. Des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées. En août, il en restait encore 8 000 derrière les barreaux, selon Human rights watch. Ce sont certains d’entre eux qui sont concernés par la mesure annoncée par le Premier ministre ce mercredi. Reste à savoir ce que signifieront concrètement les mots prononcés par Hailemariam Dessalegn.