Sa quatrième place dans la finale du 400 mètres des Jeux Olympiques de Mexico le 18 octobre 1968, avec un chrono de 45 s, derrière Lee Evans, Larry James et Ron Freeman, marquait l’avènement d’un record du Sénégal vieux aujourd’hui de 52 ans, 5 mois et 7 jours ans sur la scène de l’athlétisme.
C’est un film inoubliable : Mexico 1968, qui retrace les temps forts de la finale du 400 m masculin. Le monde sportif sénégalais retrouve la beauté intime d’une épreuve remportée par trois Américains. Tout cela par la grâce d’un sprinter, le Sénégalais Amadou Gakou. A contempler, encore et encore, ces grandes enjambées où s’incarnaient, étroitement imbriquées, l’élégance et l’efficacité des foulées, combien cette épreuve endurante et a priori terrifiante, pouvait paraître facile…
A Mexico, le frêle sénégalais n’était plus l’inconnu de cette superbe nuit d’été japonaise quatre ans plus tôt. Ce jour-là aussi, bien au-delà de cette quatrième place, c’était l’histoire qui s’écrivait en lettres de feu. Et, qui plus est, s’inscrivant au fronton des monuments témoins de la grande histoire de l’athlétisme sénégalais.
Par l’intermédiaire d’un agent au garage du Gouverne­ment, puis magasinier à l’animation rurale, l’Afrique de l’Ouest et le Sénégal faisaient leur entrée au gotha du sprint international.
Il serait injuste de passer sous silence son oncle maternel Mamadou Seck dit Daouday, ancien joueur à l’Usi et le vieux David Faye qui ont très vite décelé les qualités de Amadou Gakou sur le tour de piste. Patiemment, Ibrahima Ndiaye dit Pa Ndiaye, Abdou Sèye et Bernard Dibonda lui faisant suivre un entraînement et adopter une forme de vie tout à fait révolutionnaire.
Le résultat était là, qui faisait en ces temps un héros national d’un être frustre pour qui l’athlétisme était une occasion de quitter les terrains de football. Un destin en bons points qui allait échapper à la banalité.
Aucun observateur ne pouvait s’y tromper : ce sprinter voyait s’ouvrir sous ses pas un avenir doré. Amadou Gakou était doué pour le sport et put à la fin de sa carrière, entrer, nanti d’une bourse de formation d’abord à Abidjan, où il obtient un diplôme d’Etat de 2e degré option athlétisme, ensuite un 3e degré à l’Insep de Paris d’où il sortit comme instructeur et devint agent au ministère de la Jeunesse et des sports. Il est affecté comme professeur d’éducation physique et sportive au Lycée Blaise Diagne pendant quatre bonnes années avant d’être muté à nouveau à Rufisque comme Inspecteur départemental de la Jeunesse et des sports jusqu’à sa retraite en 1995.
Partisan d’une éthique absolue, Amadou Gakou reste à jamais l’un des plus grands sprinters et des plus talentueux de l’athlétisme sénégalais.
Joyeux anniversaire champion de toutes les générations !
Mbaye Jacques DIOP
Ctcom/min/Sports