Recrutement dans la Fonction publique : Les diplômés aveugles réclament des places
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Le Collectif national des jeunes aveugles diplômés de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur en chômage a marché hier dans les rues de Thiès, avant de déposer un mémorandum auprès du gouverneur de région. Il exige du gouvernement un quota spécial sur les recrutements dans la Fonction publique.Par Ndèye Fatou NIANG(Correspondante)
– Il faut faire du bruit pour se faire entendre. Le Collectif national des jeunes aveugles diplômés de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur en chômage n’a rien laissé au hasard. Les membres de ce collectif ont bravé la faim, la soif et la forte chaleur qui régnaient dans la ville de Thiès en ce 6e jour de Ramadan pour réclamer un droit au quota spécial sur les recrutements dans la Fonction publique annoncés par le chef de l’Etat.
Abdou Sagne, président du Collectif qui regroupe les non-voyants des 45 départements du Sénégal, se dit surtout choqué «par le traitement impitoyable dont nous faisons l’objet de la part du gouvernement, mais aussi le non-respect des instructions du chef de l’Etat par certains membres du gouvernement qui ont plutôt choisi de nous laisser à notre sort. Aucune initiative n’est inscrite en notre faveur. Ce, contrairement à ce qui se fait dans des pays comme la Turquie, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, entre autres, qui accordent un traitement particulier à leurs non-voyants». Il ajoute : «Le chemin qui nous a conduits vers l’école devait être le même qui nous ferait accéder à l’emploi, parce que malgré toutes les difficultés liées à l’enseignement des aveugles et malvoyants, nous avons bravé avec brio toutes les étapes de l’éducation et de la formation pour obtenir des diplômes que nul ne peut contester. Ce qui devait s’ensuivre devrait être l’accès à un emploi, qu’il soit salarié ou non.» Mais, s’offusque M. Sagne, «le contraire s’est imposé en nous : ‘’Le retour à la mendicité’’».
Citoyens à part entière, cette situation risque de faire de nous des compatriotes à part, car après la réussite c’est bien le réconfort qui doit suivre. Il laisse entendre : «Nous voulons un emploi et non le chômage. Nous voulons vivre à la sueur de notre front et non tendre la main. Nous n’affronterons jamais les océans, nous ne choisirons jamais la facilité, c’est-à-dire l’oisiveté et la dépendance. Nous réclamons tout juste un recrutement dans la fonction publique. A défaut, nous voulons un financement de projet générateur de revenus pour tous les artisans aveugles, diplômés de la brosserie et du tissage ainsi que pour les aveugles sans diplôme.»
Le Collectif national des jeunes aveugles diplômés de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur en chômage réclame aussi «une intégration effective des standardistes aveugles en activité dans la fonction publique pour l’amélioration de leur statut». A ce titre, il demande au président de la République l’adoption d’un certain nombre de mesures d’urgence. Il s’agit surtout de «la représentation de notre collectif à la conférence nationale sur l’emploi et l’employabilité des jeunes diplômés qui aura lieu le 22 avril 2021, l’institution d’un quota spécial pour notre recrutement dans la fonction publique, la facilitation à l’accès aux financements des projets des aveugles artisans en tissage et en brosserie et autres activités, l’amélioration du statut des travailleurs contractuels».
Les marcheurs ont déposé un mémorandum auprès du gouverneur de la région de Thiès.
nfniang@lequotidien.sn