Par Alioune Badara NDIAYE (Correspondant) –
Le nouveau ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage (Masae) veut en finir avec les énormes importations de produits horticoles estimées à pas moins de 66 milliards de francs Cfa annuellement. Mabouba Diagne, qui a visité lundi des sites de production horticole dans la zone de Diass, a esquissé ce que son département ambitionne de mettre en œuvre pour à la fois rééquilibrer la balance commerciale sur ces produits et booster les emplois dans ce secteur aux avantages insoupçonnés. «Le Sénégal importe aujourd’hui plus de 340 mille tonnes de fruits et légumes. C’est l’équivalent de 66 milliards de francs Cfa. Importer pour autant d’argent, autant de tonnes de fruits et légumes, c’est exporter des jobs», a-t-il soutenu après la visite de la ferme d’Agroseed. «Dans le domaine de l’horticulture, tout est possible au Sénégal. C’est un pays qui vit aujourd’hui une situation paradoxale, parce qu’on importe tout, alors qu’on devrait être un pays exportateur de tout», a noté Moctar Fall, Directeur général du centre de formation Agroseed. «On peut produire ici de la tomate fraîche, la transformer en triple concentré, la retransformer en double concentré et vendre cette tomate dans l’espace de la Cedeao moins cher que les 95% de tomate importée aujourd’hui, qui nous viennent de Chine, de Turquie et des pays méditerranéens», a-t-il servi en illustration, assurant que la formation et la qualité des ressources humaines sont des défis à relever pour être compétitifs. «Nous sommes en train d’envisager de créer un concept de coopératives agricoles communales pour installer des jeunes, des femmes dans des fermes très similaires comme ça, mais avec l’accompagnement des techniciens», a relevé M. Diagne, faisant savoir que la convention entre l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida) et Agroseed va être signée dans un délai de 30 jours. Il a annoncé dans la lancée une journée technique entre Anida, Agroseed et l’ambassade des Pays-Bas pour booster la production. «On va aussi pousser la réflexion pour savoir comment on peut avoir des fermes usines pour accompagner la transformation», a ajouté le Masae, relevant l’importance de l’accompagnement des agro-industriels pour la formation des jeunes dans la production et sur la transformation. «L’agriculture est devenue une science, l’agriculture est devenue une précision. Si en plein champ on peut se permettre d’atteindre des rendements de 40 à 50 tonnes sous les serres, on peut aller jusqu’à 100 tonnes», a-t-il souligné avec la conviction que cela ne peut se réaliser sans équipements modernes. C’est ce qui a expliqué d’ailleurs la visite de l’entrepôt de l’entreprise de mécanisation agricole Intermaq à Sindia qui a été l’étape finale de la visite. Pas moins de 700 tracteurs ont été acquis à travers ce projet conçu dans un partenariat public-privé. La chaîne de valeur est intégrée au projet avec le volet stockage. «20 stockages frigo et 100 stockages des produits secs», a indiqué M. Diagne, faisant savoir que ce projet a été réalisé avec un investissement de 85 milliards de francs Cfa.
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