Reflets du Maroc

Le Maroc, un beau et paisible pays.
Les Espagnols, fiers de leur cité, disent : «Celui qui n’a pas vu Grenade n’a rien vu.» Moi, je dirais : celui qui n’a pas vu Ifrane, Chefchaouen et Marrakech n’a pas visité le Maroc.
Le périple que je vous propose à travers le Royaume chérifien, nous l’entamerons bien entendu à Casablanca.
Casablanca, «cité blanche en espagnol», la capitale économique, avec ses immenses installations portuaires.
Avec la Mosquée Hassan II, le plus haut édifice du monde musulman, qui semble émerger des profondeurs de l’Atlantique. Après la prière du vendredi, cap sur la ville avec ses grandes artères, où j’avoue n’avoir jamais vu d’embouteillage. Et l’on arrive au «Café de France», rendez-vous des sportifs où un Marocain me lançait : «Sadio Mané 2025 Marhaban.»
Et un autre d’ajouter : «2030 également pour la Coupe du monde.»
Rabat-la-Ville-Lumière, résidence du Roi Mohamed VI, capitale administrative, où vient d’être bâti un stade que les observateurs considèrent comme le plus beau du continent.
Tout un pays rêve de voir s’y dérouler la finale de la prochaine Coupe d’Afrique des nations et de la Coupe du monde de football 2030, et pourquoi pas de remporter les deux ?
Fez et sa Médina, haut perchées entre deux collines. Cité médiévale, Fez, qui a vu naitre le premier souverain du Royaume, le Roi Mohamed V, fut fondée par Moulay Idris, descendant du Prophète Psl. S’y trouve la mosquée du vénéré Cheikh Ahmed Tidiane Chérif. Fez fut l’ancienne capitale du Maroc.
Ifrane, située à 60 km de Fez et à 1650 mètres d’altitude dans le Moyen Atlas, où en novembre déjà la neige tombe. Où les habitations, les hôtels et restaurants sont peints en rouge, comme les toitures en tuile et en pente. On l’appelle la Petite Suisse du Maroc avec ses forêts de cèdres et de chênes, ses stations de sky, ses cours d’eau, ses étangs, ses jets d’eau multicolores, ses parfums d’orangers et de bougainvilliers. Ifrane où la nature chante à perte de vue les refrains d’une beauté singulière et tranquillisante.
Loin des souks, des bazars et de la cohue des autres villes, cette petite province, îlot de verdure et de fraîcheur, calme et apaisée, où l’on a le sentiment que personne ne veut élever la voix, est comme un poème offert à la nature. Si les nostalgiques préfèrent l’automne, avec ses tapis de feuilles mortes et ses frondaisons roussies, pour les Marocains de Fez et ses environs, l’hiver est la saison élue. Certains ont une résidence secondaire à Ifrane. Ils y débarquent avec famille et bagages pour s’enfoncer sous la neige. Ifrane, on y passerait l’hiver, le printemps, l’été et l’hiver encore… On y passerait toute une tranche de vie sous la neige et son grand manteau blanc.
Chefchaouien, la perle bleue du Maroc. Bleue comme le beau ciel du Nord du Maroc et «bleue comme la tendresse», diront les romantiques.
Une petite ville qui semble bâtie dans une cuvette hérissée de montagnes que de nombreux jardins et fontaines ont transformée en un merveilleux verger. Promenades et flâneries, calme et sérénité dans cette charmante petite ville où le temps semble s’être arrêté. Chaleur et hospitalité cependant ! Quand les hôtels affichent «complet», les habitants sont prêts à partager leur maison avec les visiteurs. Le soir, de la terrasse de l’hôtel «Merinides», véritable bijou d’intimité qui culmine la ville, devant le spectacle du minaret flamboyant de la grande mosquée, de la fontaine lumineuse à côté des arbres enguirlandés rappelant «Noël» et de la gigantesque et éblouissante enseigne du restaurant «La lampe d’Aladin», non loin des maisons toutes fleuries, un serveur laissait échapper : «Nulle part ailleurs, il n’existe un endroit aussi beau.»
Marrakech. Marrakech a donné son nom au Maroc. On n’évoquera jamais assez le plaisir d’errer dans la «Médina», ses labyrinthes et ses ruelles, ses souks colorés qui déploient des étals surchargés, ses parfums de rose et de jasmin, avant de déboucher sur la place Jemma El Fna, cœur vivant de la ville, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Un espace public aussi vaste qu’un quartier et …sa magie. Cette magie qui opère dès le crépuscule, quand s’illuminent les lampes des marchands ambulants, des cafés, des bars, pâtisseries, restaurants dont la plupart sont en plein air. Tandis que chanteurs, danseurs, charlatans, astrologues, mangeurs de feu, charmeurs de serpent, acrobates hypnotisent la foule dans une ambiance électrique qu’aucun cliché ne saurait rendre. Toute la vie en un seul endroit. Malgré les nuits glaciales, la fièvre qui secoue Jemma El Fna ne retombe qu’à l’aube, quand apparaissent dans le lointain, les sommets enneigés du haut Atlas. A quelques minutes de Jemma El Fna, se dressent la Mamounia et ses jardins. La Mamounia fut classée, il y a quelques années, meilleur hôtel dans le monde.
Son décor, un alliage de marbre et de verreries colorées, est d’une somptuosité que l’on n’aurait jamais imaginée. Un peu plus loin, pour les promeneurs solitaires, la Ménara, véritable enchantement pour les yeux. Un immense parc planté d’oliviers, avec au milieu un bassin d’eau ayant par le passé servi à l’irrigation et un joli pavillon qui dit-on fut le rendez-vous galant des souverains de la ville. Vers la ville, se trouve le jardin Majorelle et son musée berbère, création du célèbre Yves Saint Laurent.
Et la célèbre palmeraie, avec ses promenades à dos de chameau qui rappellent que Marrakech fut une oasis. Magique Marrakech ; sa concentration de lieux de vie, des hôtels, des cafés, salons de thé, fast-food qui se recyclent sans cesse, les espaces fleuris, la joie de vivre, les rires et sa beauté naturelle ! Tout séduit à Marrakech, qui ne ressemble à aucune autre ville au monde. Cristiano Ronaldo y a construit un hôtel. Charles Aznavour, le grand chanteur, après avoir quitté la scène, a décidé d’y finir ses jours. L’ancien président de la République, monsieur Macky Sall, s’y est installé. La liste serait longue des célébrités qui y ont élu domicile. «Je ne me vois pas vivre ailleurs qu’à Marrakech», disait un célèbre écrivain. A croire qu’au Maroc, chaque ville a adopté une couleur. Marrakech, la cité ocre, seule ville arabe figurant au Top 10 des destinations préférées des touristes, est un endroit que l’on ne quitte pas sans un pincement au cœur. Et la folle envie d’y retourner.
Amadou DAL SENE