Si la musique locale, tous genres confondus, veut s’exporter et pénétrer le juteux marché mondial, elle devra forcément passer par le streaming. C’est l’avis des acteurs qui, hier, ont théorisé le modèle africain du genre lors du forum africain du Midem, la plus grande rencontre de professionnels de la musique.
La musique Sénégalaise a perdu de sa superbe et doit retrouver son lustre d’antan. Le constat est unanime chez les acteurs. Et pour retrouver ses lettres de noblesse, cela passe forcément par une reconnaissance internationale. Dans cette optique, la question de savoir comment distribuer nos artistes pour atteindre un public international a été le prétexte pour faire un diagnostic de ce qui empêche la musique Sénégalaise de pénétrer le marché international. Pour l’ancien coordonnateur du Fonds de développement des cultures urbaines (Fdcu), «il existe un marché physique et virtuel qui est fébrile et a une insuffisance politique». Dans cette logique, s’interroge Oumar Sall, «qu’est ce qui explique que nous ne soyons pas trop présents à l’international ?». Nix, le rappeur sénégalais, a un début de réponse : «Il faut construire un projet et le faire fonctionner de manière générale. Mon 1er album m’a permis de faire l’Afrique francophone. Il m’a ouvert des portes et m’a fait voyager partout.» Pour l’ancien membre de Dakar All star, la qualité doit être de mise avant toute projection vers l’international. Pour autant, il est d’avis que l’Afrique a ses réalités que l’industrie du disque doit prendre en compte. Le faible taux de bancarisation en est une et empêche l’application du modèle occidental de streaming. D’ailleurs, c’est ce qui a poussé Nix à créer sa plateforme de distribution de musique Dido, qui est «une plateforme de distribution qui prend en compte la bancarisation faible, le paiement mobile et la pénétration mobile. Ça peut aider à la mobilité de nos artistes», a dit Nix.
Plus nostalgique, Alune Wade, auteur et compositeur, estime qu’il «faut arriver à créer un objet comme on l’a fait avec le vinyle, la K7 et le Cd. Ca va donner aux gens l’envie de l’acheter». Sur la problématique d’exportation, le chanteur estime que les artistes locaux devraient commencer par conquérir le marché régional, histoire d’avoir une base solide, avant de voir le marché occidental. Un constat qui a poussé Jean-Pierre Seck à se demander «comment exister en ayant un écosystème défavorable ?». Pour Ibrahima Kane de Digital Virgo, une plateforme qui fait dans le paiement mobile, «l’environnement du streaming est perfectible. Le modèle africain se cherche et continuera à le faire. Pour autant, une solution devra intégrer ces 3 facteurs : le paiement mobile, la monétisation, et le marketing digital».
Ces échanges ont eu lieu hier lors du Forum africain du Midem qui est l’événement business mondial leader de la communauté musicale. Il regroupe, connecte, sert et encourage la communauté musicale mondiale à échanger, créer, forger des relations qui dessineront l’avenir de l’industrie musicale. Cette rencontre aura lieu au mois de juin prochain à Cannes. Ils seront 80 pays, 2 mille sociétés et 5 mille participants attendus pour la 53ème édition. Le Sénégal, qui veut un pavillon pour avoir une chance de vendre ses talents, sollicite l’aide des pouvoirs politiques pour y parvenir.
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