L’Ucad accueille du 22 au 24 mars un colloque international sur les «Médiations africaines dans la construction et la réappropriation d’un savoir ethnologique». Organisé par le professeur Magueye Kassé de l’Université Cheikh Anta Diop avec d’autres partenaires tels que l’Institut allemand Frobenius, ce colloque verra la participation d’éminents professeurs issus de contrées différentes. Ce sera également l’occasion d’une grande exposition sur les arts rupestres et l’art contemporain au Musée Théodore Monod et à l’Institut Goethe de Dakar.
Dakar veut écrire sa part d’histoire à travers un colloque international dont l’ouverture est prévue demain à l’Ucad II. Initié par le professeur Magueye Kassé de l’Ucad, et ses confrères Richard Kuba de l’Institut Forbenius, et Jean-Louis Georget de Paris 13, ce colloque permettra à plusieurs intellectuels venant des universités d’Afrique, d’Europe, et d’Amérique de réfléchir sur les «Médiations africaines dans la construction et la réappropriation d’un savoir ethnologique». Ils pourront ainsi proposer leur vision à travers les nombreux panels qui se dérouleront durant les 3 jours du colloque et qui seront entre autres, axés sur «le colonialisme, l’ethnologie, et la constitution de savoirs», «les médiations ethnologiques et interculturelles», «le post colonialisme et la décolonisation du savoir».
En conférence de presse, hier à l’Ucad II, les initiateurs du colloque ont déroulé leur programme dans lequel figurent également deux expositions : une se tiendra le jeudi 23 mars, au Musée Théodore Monod et l’autre à la fin du colloque, le vendredi 24 mars au Goethe institut de Dakar. Pour l’exposition du musée de l’Ifan, Théodore Monod, le professeur Magueye Kassé indique qu’elle montrera à coté des œuvres sur l’art rupestre africain, d’autres œuvres d’artistes sénégalais à l’instar d’Abdoulaye Diallo, le berger de l’île de Ngor. «Nous avions souhaité qu’il y ait un regard croisé, du point de l’art entre les peintures rupestres et le point de vue sénégalais sur l’art rupestre. Nous ne serons pas déçus» promet-il. Revenant sur l’essence même de ce colloque, il note que «Le colloque de Dakar pose la question des médiations africaines d’une part dans la construction d’un savoir africaniste en Europe et d’autre part dans la réappropriation de ce savoir par les intellectuels africains pendant la décolonisation». S’il fallait faire une nomenclature de l’existence des études africaines dans les universités africaines, M. Kassé relève qu’il y aurait «un manque quelque part», puisque ces études, ne sont pas vraiment représentées dans les différentes facultés. C’est le cas à l’université de Dakar.
Aussi, M. Kassé reste-t-il convaincu de l’importance de ce colloque qui pallie quelque part ce manque, d’autant qu’il s’inscrit dans une dynamique de réappropriation du savoir africain. Ce colloque crée surtout, du point de vue de ses initiateurs, les conditions pour un «dialogue fécond et une réflexion commune, sur les continuités, les ruptures, les métamorphoses et adaptations d’un savoir ethnologique, anthropologique concernant l’Afrique». A terme, le but de ce colloque sera d’examiner les fondements empiriques d’un savoir ethnologique et le rôle crucial des intermédiaires africains (Guides, traducteurs, élites politiques, savants) à travers l’aréopage d’intellectuels qui y sont attendus. Il faudrait remarquer d’ailleurs, selon les professeurs, que le savoir historico culturel produit sur l’Afrique et inscrit dans le projet colonial dépréciait jusque là, les sociétés africaines et les plaçait comme des entités immuables et sans histoire. Ce colloque en somme, œuvrera à réconcilier le savoir académique et le savoir produit par les systèmes traditionnels, pour en faire une synthèse constructive.
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