Les tenants et aboutissants des réformes Bâle II et Bâle III ont été expliqués de fond en comble hier aux banquiers et chefs d’entreprise par les cadres de la Bceao au cours d’un atelier à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar.
Les notions de Bâle II et Bâle III ont été expliquées hier aux banquiers et chefs d’entreprise sénégalais. Il s’agit de recommandations qui exigent aux actionnaires des banques de faire des efforts nécessaires pour avoir des fonds propres pour pouvoir mieux couvrir leurs engagements afin de garantir la pérennité de leurs activités bancaires. Et selon François Sène, de la Direction nationale de la Bceao, les banques se sont très vite adaptées à ce dispositif de Bâle II et Bâle III mis en place depuis janvier 2018. Cette réglementation exige aux banquiers le renforcement des fonds propres. «La banque dispose des dépôts de la clientèle qui ne lui appartiennent pas. Toute la réglementation vise à préserver les dépôts des clients», a indiqué hier le directeur de l’Agence principale de la Bceao, à l’atelier d’échanges sur les notions de Bâle II et Bâle III à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad).
Le Directeur général de l’Association des banques et établissements financiers du Sénégal (Apbefs) affirme tout même que sur le plan technique, les banques ont eu beaucoup de soucis. Mais in fine, dédramatise Souleymane Soumaré, «cela a été résorbé grâce au comité mis en place avec une concertation avec les acteurs. Au-delà de l’aspect technique, l’exploitation, nous n’avons qu’à appliquer la réglementation, c’est quasiment une loi, si vous ne l’appliquer pas, les sanctions tombent».
Les Pme-Pmi devront montrer plus de transparence dans leurs activités au travers de leurs états financiers, donner toutes les informations qui peuvent rassurer la solvabilité des crédits qui leur seront donnés. Au Sénégal, les 25 banques et les quatre établissements financiers respectent tous les dispositifs prudentiels, notamment les normes de solvabilité dont la supervision relève de la commission bancaire.
«Peut-être que la banque centrale est muette, mais trimestriellement, il y a des banques qui peuvent être sanctionnées, qui reçoivent des injonctions et des données pour se reconformer à des normes», explique Khardiata Ba Diouf. Le chef du service des Etablissements de crédit à la Bceao ajoute : «Nous ne communiquons pas sur les décisions prises pour avoir une certaine stabilité, mais si vous consultez les rapports annuels de la commission bancaire qui existent sur le site de la banque centrale, vous verrez toutes les mesures qui ont été prononcées au niveau de l’Uemoa, en particulier au niveau du Sénégal.»
L’Etat est exempté de pondération contrairement aux banques dont le taux de pondération varie entre 30 et 70%. «Nous croyons en nos Etats. Nous avons opté pour ne pas donner la notation de nos Etats, mais de les pondérer à 0%, et aujourd’hui ils doivent se battre pour avoir la meilleure notation, la qualité de la signature doit être défendue par chaque Etat», plaide Mme Ba.
Mais, souligne Pr Babacar Sène, directeur du Centre de recherches économiques appliquées, «L’Etat ne peut pas faire faillite, mais il peut faire défaut de paiement».
Avec Bâle II et Bâle III, les banques peuvent lever les titres hors Uemoa tout en respectant les dispositifs de la réglementation de change. D’après le président de la Cciad, au Sénégal, les banques sont déjà à 14% de taux de pondération. «On est déjà en respect par rapport à cette pondération», signale Dr Daouda Thiam.
Ces dispositions de Bâle II et Bâle III donnent l’opportunité de jauger toute la transparence requise pour évaluer les risques et les capacités pour une banque de respecter ses engagements. Cependant, ces mesures dérangent les banquiers et chefs d’entreprise dont certains ont demandé de les tropicaliser.
«Nous avons tropicalisé le système et nous restons en écoute permanente par rapport aux préoccupations», rassure François Sène.
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