Les élus locaux comptent beaucoup sur la réforme fiscale locale et le développement de l’intercommunalité pour mobiliser assez de ressources financières afin de réaliser leurs projets.

Le plus important dans l’Acte 3 de la décentralisation reste la réforme financière, selon le maire honoraire Me Mamadou Diop. L’ancien édile de la Ville de Dakar invite ainsi les autorités à réformer la fiscalité locale. Il estime que les pouvoirs délégués aux nouvelles collectivités locales doivent s’accompagner de moyens conséquents. «Il faut commencer par la valorisation financière des collectivités locales. La mission de maire est certainement l’une des plus exaltantes, mais aussi la plus difficile, car on vous donne beaucoup de pouvoirs et on ne vous donne pas beaucoup de moyens», a témoigné M. Diop. «Si vous voulez faire des résultats concrets pour l’Acte 3, il faut absolument régler ce problème», suggère-t-il aux élus locaux réunis hier dans le cadre d’un atelier de sensibilisation et de renforcement de capacités qui leur a été dédié par l’Agence de développement municipale (Adm) sous le thème «Inter­communalité au service du développement local durable».
En effet, les communautés territoriales peinent à mobiliser à travers leur propre fiscalité et les dotations que leur accorde l’Etat suffisamment de ressources financières pour faire face aux besoins.
«Pour être compétitives et porteuses de développement local», appuie Abdoulaye Diouf Sarr, «les collectivités locales ont besoin de moyens humains, de planification, d’organisation, mais surtout de moyens financiers». Le ministre de la Gouvernance locale, du développement et de l’aménagement territorial informe que la deuxième phase de l’Acte 3 de la décentralisation reposera sur le développement des collectivités locales à partir du développement de nos ressources. «Et Quand on parle de ces ressources, souligne M. Sarr, c’est véritablement un panier de ressources dont le premier élément est la fiscalité locale. Doter les collectivités locales de fiscalité appropriée pour avoir des ressources endogènes pouvant porter leur développement». Au-delà de la fiscalité locale, le ministre évoque d’autres financements innovants dont le marché financier. «L’on parle de ce dernier, parce qu’on sait aujourd’hui que les collectivités locales doivent se comporter comme une entreprise privée mobilisant de la ressource à partir du marché financier en présentant à ce dernier sa capacité de remboursement. Autre­ment, sa capacité de mobiliser la ressource financière pour porter un emprunt.» Outre ce marché financier, il conseille d’autres mécanismes de financement comme le partenariat public-privé avec une bonne organisation de la responsabilité sociétale de l’entreprise.
«La collectivité de demain sera une collectivité viable financièrement, portée  par un panier de ressources dans lequel l’élément le plus déterminant sera la fiscalité locale. Nous sommes sur ce chantier de la  fiscalité locale. Le dossier est déjà bouclé par le ministère de l’Economie, des finances et du plan. Il reste quelques passages autour des fondamentaux pour que les collectivités locales puissent désormais s’adosser sur des ressources endogènes, mais surtout sur des ressources véritablement durables», informe-t-il. Diouf Sarr estime en outre que le développement de l’intercommunalité est l’autre piste qui permettrait aux communes, sur la base de l’engagement volontaire, de mutualiser les compétences et les ressources afin d’assumer ensemble des missions et de réaliser des projets.
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