Réformes – Avant-projet du nouveau Code du travail : Les parties prenantes à la quête d’un consensus

Un nouveau Code du travail consensuel, c’est le vœu des parties prenantes qui interviennent dans le cadre de la réforme de cette loi qui réglemente les relations entre employeur et salarié.Par Justin GOMIS –
Cinq ans après le début des travaux pour le nouveau Code du travail, les parties prenantes ont organisé, hier, un atelier de restitution de ce chantier ouvert pour sa réforme au Sénégal. L’idée de cette rencontre est de rendre compte aux mandants, aux organisations patronales, de l’état d’avancement de ce dossier.
«C’est un dossier tripartite, avec des intérêts des travailleurs, des intérêts des employeurs et des intérêts publics par rapport à l’Etat. Nous sommes dans une logique de démarche consensuelle pour essayer sur chaque point d’avoir un consensus de nature à emporter l’adhésion de toutes les parties», a déclaré Meïssa Fall, président de la Commission «Dialogue social et normes du travail» du Conseil national du patronat (Cnp). Meïssa Fall et ses collaborateurs veulent un texte qui soit à la satisfaction de toutes les parties. Un nouveau Code du travail qui prend en compte la réalité économique.
En réalité, ce nouveau Code du travail vise à renforcer la paix sociale en entreprise. «Un Code du travail bien pensé est un Code du travail qui s’adapte à la réalité économique d’aujourd’hui. Et la réalité économique aujourd’hui, c’est l’incertitude. Les entreprises n’ont pas beaucoup de visibilité par rapport à leur situation, à l’économie, par conséquent, elles ne peuvent pas s’engager dans des situations en entreprise, même s’il s’agit de protéger sa première ressource, à savoir son personnel. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin aujourd’hui de se comprendre de part et d’autre pour que le Code du travail soit en harmonie par rapport à l’économie et qu’il soit aussi en harmonie par rapport à la relation juridique qui gouverne la relation entre le travailleur et son entreprise», a expliqué Meïssa Fall. Selon qui le monde est devenu aujourd’hui incertain.
«L’horizon à court terme ne va pas au-delà de 6 mois. Vous avez vu aujourd’hui la géopolitique mondiale, comment elle est turbulente avec les dernières informations que nous vivons sur les droits de commerce appliqués par exemple par un pays comme les Etats-Unis ou le reste du monde. Ça amène des réactions et l’entreprise ne demande que cette capacité à pouvoir s’ajuster, à pouvoir s’adapter à toute situation. Nos réflexions vont dans ce sens. Nous sommes dans un environnement numérique. Quand vous allez dans un environnement numérique, ça va tellement vite dans ce milieu qu’on parle de révolution. Ça amène donc les acteurs du monde du travail à ne plus même parler de flexibilité, mais peut-être que nous devons parler, nous, en tant qu’acteurs du travail, par rapport au secteur du numérique, d’agilité. Ce sont donc ces nouvelles réalités-là sur lesquelles nous sommes en train de travailler, que nous voulons appréhender pour le développement de l’entreprise, étant bien compris que le premier actionnaire de l’entreprise, celui qui connaît le mieux l’entreprise, c’est le travailleur. Inversement, c’est l’entrepreneur qui connaît le mieux le travailleur. Voilà un peu la relation dans laquelle nous sommes en train de travailler, de réfléchir pour apporter un texte qui soit à la satisfaction de toutes les parties», a-t-il détaillé.
Mais dans ce cadre de concertation win-win, les employeurs ne seront pas les seuls à trouver leur compte, parce qu’il s’agira, pour les travailleurs, d’entrer dans un cadre vertueux de travail décent.
Dans leurs perspectives, les parties prenantes cherchent à trouver un Code consensuel. «Nous sommes en bout de piste, le code doit être adopté pour l’année 2025. Par conséquent, nous voulons que ce code puisse donner la satisfaction à toutes les parties. La prédisposition fondamentale des entreprises, c’est celle que nous avons aujourd’hui, c’est celle que nous avons exposée à nos participants qui, en retour, nous ont demandé d’affirmer auprès des autorités l’importance que revêt un environnement économique clair pour les entreprises au Sénégal», a-t-il informé.
Cette démarche a été fortement appréciée par les directeurs des Ressources humaines qui pensent que la réforme est plus que nécessaire. «C’est une démarche participative et inclusive. Le nouveau Code du travail implique tous les Drh, tous ceux qui en font usage. On ne peut pas faire le Code du travail sans nous les acteurs. Nous sommes les portes d’entrée et les portes de sortie de l’ensemble des travailleurs. Il y a une nouvelle ère de formation et les Drh sont appelés à s’adapter. C’est un Code du travail qui a duré trente ans et beaucoup de choses ont été dépassées. Les choses ont évolué. Les ressources humaines ont évolué. Il faut s’adapter à la réalité et voir comment impliquer tout ce qu’il y a comme innovation dans le nouveau Code du travail», a soutenu Ibrahima Mbaye, président de l’Asfert (Association sénégalaise des professionnels des ressources humaines qui regroupe les Drh et les formateurs en Ressources humaines).
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