Assainir le secteur du transport urbain où les véhicules et charrettes ne font pas bon ménage et occasionnent des accidents, et lutter contre la maltraitance des équidés de traite : Tel est le sens de l’arrêté interministériel signé par les ministères de l’Elevage, de l’Intérieur et du Transport. Méconnue de la majorité des propriétaires et utilisateurs des équidés, la règlementation a fait l’objet d’un atelier organisé par l’Ong Brooke à l’intention de la Police nationale, pour que ses dispositions puissent connaître une application effective. Dakar a été choisie pour expérimenter l’application de ce texte.

Après l’élaboration en 2015 d’un document qui réglemente la circulation des véhicules hippomobiles en milieu urbain et qui vise le transport par des charrettes et calèches utilisant des chevaux comme moyen de traction, le Sénégal a sorti le 9 décembre 2016 un arrêté interministériel portant règlementation du transport par des véhicules à traction animale, et qui a fait l’objet d’une vulgarisation au cours d’un atelier organisé par l’Ong britannique Brooke à l’intention de la Police nationale.
«Nous sommes ici pour former et informer les commandants de la Police urbaine sur les dispositions de l’arrêté interministériel (Elevage, Intérieur et Transport) signé en 2016 et  portant réglementation des véhicules à traction animale. La Police nationale est un acteur-clé dans la mise en application des dispositions relatives à cet arrêté. Ainsi, nous avons jugé important de tenir cet atelier pour informer afin que, comme on le dit, nul n’est censé ignorer la loi pour, elle puisse être appliquée», a dit Emmanuel Bouré Sarr.
D’après le directeur régional de l’Ong Brooke au Sénégal, chaque jour, les citoyens sont témoins des scènes choquantes à l’image de celles montrées dans trois courtes vidéos, où un âne a été soulevé par les deux manches de la charrette à cause de sa surcharge, ou une charrette chargée traverse une eau qui couvre presque la tête du cheval et une autre où un jeune conducteur, qui voulait rattraper son cheval  qui courait en pleine circulation, a failli se faire renverser par un véhicule. «Nous voyons avec le cœur meurtri les sévices dont sont victimes ces animaux», a déploré le commissaire de police Boubacar Ba.
Pour le chef de la Division études prospectives et coopération de la direction de la Sécurité au ministère de l’Intérieur, le bien-être des équidés et des animaux en général «est avant tout une question d’humanisme et de respect de la création divine». Ces pauvres équidés «non seulement peinent à tirer leur charge, mais reçoivent de surcroît des coups les plus sordides», ajoute Emmanuel Bouré, qui affirme : «On voit des enfants de moins de 15 ans conduire des animaux puissants qu’ils peinent à maîtriser et qui peuvent  entraîner des problèmes graves, mettant en danger leur propre vie et celle d’autres personnes.»
Il n’est pas non plus rare «d’assister à des accidents de circulation entre véhicules hippomobiles et des véhicules automobiles, occasionnant des casses, des dommages humains et matériels. Et le «baal ma ak» reste l’argument de rigueur, si ce n’est quelque fois même une réponse insolente»,  se désole-t-il en outre.
En fait, ce sont ces problèmes que l’arrêté interministériel cherche à régler si on sait que les équidés jouent un rôle très important dans l’économie du pays. Malheureusement, d’après Emmanuel Bouré, à cause de l’appât du gain, les propriétaires de ces animaux les surchargent ou les maltraitent, alors que ceux-là leur permettent de gagner de l’argent pour assurer la dépense quotidienne. Ainsi, le commissaire Ba est d’avis que l’application de cet arrêté pourra aider à régler les problèmes dans la circulation.
Dakar, ville expérimentale
Pour ce faire, ils sont en train de travailler avec le Cetud (Conseil exécutif des transports urbains de Dakar) sur un projet qui permettra la réorganisation du transport hippomobile dans la région de Dakar. Dans le même sens, ils ont manifesté auprès de l’Ong Brooke un besoin de formation des acteurs, notamment du ministère de l’Elevage, des transports terrestres, ainsi que des collectivités territoriales, pour créer un cadre de dialogue pour le bien-être des animaux. Selon le commissaire de police Boubacar Ba, les forces de défense et de sécurité doivent renforcer leurs capacités en vue de permettre une prise en charge correcte des impératifs de sécurité.
L’objectif visé par l’arrêté est d’organiser le domaine en édictant des règles qui permettent aux cochers de se mettre en règle en disposant des cartes, des signalisations et des immatriculations pour le bien-être des équidés.
Dans sa mission de formation et de sensibilisation, l’Ong Brooke promet de mettre en place un plan d’action concret avec une expérimentation dans la région de Dakar. Elle voudrait aider le commandant du corps urbain à connaître l’ensemble des dispositions de l’arrêté et de les partager au niveau de leur zone afin que cela puisse faire l’objet d’une application effective.