Abdou Latif Coulibaly, secrétaire général démissionnaire du Gouvernement, a estimé que le report de la Présidentielle n’est pas un avantage pour le Président Macky Sall. Pour lui, «on affaiblit la République». Invité de Rfi, il a déploré le fait que Amadou Ba soit jeté «en pâture», et dénonce l’accord entre Bby et le Pds. Par Malick GAYE – 

Ministre, secrétaire général démissionnaire du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly n’a pas de mot pour qualifier ce qui se passe au Sénégal. Dans un entretien accordé à Rfi, l’ancien ministre n’a pas manqué de tirer sur la décision du Président Macky Sall d’arrêter le processus électoral. «Le président de la République n’avait pas le pouvoir de le faire, l’Assemblée nationale encore moins, et la raison est très simple : en 2016, nous avons parcouru le Sénégal et le Président Macky Sall avait raison de procéder à la réforme de la Constitution pour faire en sorte que le mandat du président de la République dans sa durée, comme dans le nombre de mandats, soit érigé en un principe intangible : la loi est sublimée pour faire en sorte que le mandat ait le même caractère et la même nature juridique que l’intangibilité du caractère républicain de l’État sénégalais. Et nous étions d’accord avec lui, et c’était bien de la faire. Et aujourd’hui, lui-même décide de renoncer à tout ça», a affirmé Abdoyu Latif Coulibaly. Pour lui, Macky Sall a renié ses engagements. «Je constate simplement que nous avons rejeté tout ce que nous avons dit et tout ce dans quoi nous avions engagé les Sénégalais en 2016», a reconnu Abdou Latif Coulibaly. Qui a estimé que «personne n’a le droit d’affaiblir la République. Ce qui se passe est qu’on affaiblit la République».
Revenant sur les conséquences de ce report, Abdou Latif Coulibaly ne voit pas un avantage pour le Président Macky Sall. «Peut-être satisfaire, quelque part, une demande que je ne réalise pas, dont je ne vois pas l’objectif final. Peut-être, est-ce simplement que quand on exerce le pouvoir on croit que tout est possible. Et tout ce qu’on pense devoir faire, on le fait. Oui, mais dans la seule mesure où ça va dans un sens qui se déroule dans le sens de l’histoire que nous voulons pour notre pays (…) il aurait été préférable, s’il voulait rester au pouvoir, de s’engager comme Abdoulaye Wade l’avait fait, d’avoir à faire face à des contestations, ce qui aurait été normal» a-t-il affirmé.

«Le Pds accuse très gravement le Pm»
Pour l’ancien ministre, il y a un accord entre Benno bokk yakaar (Bby) et le Pds sur la démarche et la procédure. «La majorité a voté, avec le Pds. Le Pds, qui accuse d’ailleurs de façon très grave le Premier ministre d’avoir corrompu des magistrats, et ça, c’est écrit noir sur blanc. Le Premier ministre de la République avec qui on siège au conseil des ministres, avec qui on n’a pas rompu, la majorité l’a accusé comme ça. Il n’est pas devant une Haute cour, qui n’existe d’ailleurs plus au Sénégal. Il n’est pas jugé. Et voilà aujourd’hui qu’on le jette en pâture et qu’on jette toute une majorité en pâture», a déploré M. Coulibaly.

«Un prétexte tendancieux»
Interpellé sur une supposée affaire de corruption dans laquelle le nom de son grand frère magistrat et membre du Conseil constitutionnel est cité, Abdou Latif balaie d’un revers de la main. «C’est un prétexte tendancieux, cette histoire de corruption. Aucun acte de préparation à cette élection n’a été engagé. Or, au Sénégal, nous avons l’habitude, pendant trois mois, de procéder aux préparatifs de cette élection-là, à l’information des électeurs, au pré-positionnement du matériel. Rien n’a été fait, et ça devait se faire bien avant que le Conseil constitutionnel ne se réunisse, ils ne l’ont pas fait», a déclaré Abdou Latif Coulibaly.
mgaye@lequotidien.sn