Le communiqué du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, relatif au dossier Karim Wade, est une contradiction par rapport à l’engagement de l’Etat du Sénégal devant le Comité des droits de l’Homme de l’Onu. C’est l’avis du collectif des avocats de Wade-fils qui invite le Sénégal au respect de ses engagements.

Le collectif des avocats de Karim Wade se dit surpris par la réaction du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. C’est relatif au communiqué de Amadou Bâ qui a affirmé qu’à Genève, «la délégation sénégalaise n’a, en aucun cas et sous quelque forme que ce soit, pris des engagements allant dans le sens d’une réhabilitation de monsieur Karim Wade, ou d’une réparation d’un préjudice qu’il aurait subi». Ils estiment que l’Etat, à travers le ministre des Affaires étrangères, contredit son engagement. Les conseils de Wade-fils invitent ainsi l’Etat du Sénégal à respecter «scrupuleusement» les traités internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantissent le respect de l’Etat de droit, des libertés publiques et de la démocratie. Mes Ciré Clédor Ly, Demba Ciré Bathily, Michel Boyon, Seydou Diagne, ont d’emblée déclaré avoir pris acte de l’engagement pris par l’Etat du Sénégal à Genève, le 15 octobre 2019, devant le Comité des droits de l’Homme de respecter les décisions de cette institution des Nations unies relatives aux «violations des droits fondamentaux» de leur client par les autorités politiques et la justice sénégalaises.
Par ailleurs, ils ont soutenu que devant le Comité des droits de l’Homme, pour «la première fois», l’Etat du Sénégal «a reconnu que Karim Wade avait subi un préjudice du fait de sa détention arbitraire et de sa condamnation et qu’il était fondé à en obtenir réparation». Le communiqué renchérit que le Sénégal a aussi «reconnu que la mesure de grâce ayant permis la libération de Karim Wade avait été exclusivement décidée pour l’application des recommandations du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, en dehors de tout marchandage politique ou «protocole de Rebeuss» comme certains ont pu l’affirmer». Dans le même sillage, Ciré Clédor Ly et Cie ont laissé entendre que l’Etat s’est également engagé à permettre un réexamen de la déclaration de culpabilité et de la condamnation frappant Karim Wade. Mais aussi selon eux, le Sénégal a pris l’engagement de réformer la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) notamment en ouvrant un droit de recours contre les décisions de cette juridiction d’exception.
Dans le même registre, la défense de Karim Wade dit avoir relevé qu’au cours de la réunion du Comité des droits de l’Hom­me des Nations unis, il a été fait remarquer à la délégation sénégalaise que «la grâce octroyée à M. Wade n’allait pas dans le sens de la constatation du comité car elle n’annule pas la con­damnation…»