Ils ne sont pas nombreux ceux qui auraient aimé être à la place du juge Ousmane Racine Thior. Ce dernier doit décider de la réintégration ou non de Sonko dans les listes électorales. Entre la forclusion du délai d’acquiescement, la constitution de partie civile et la réintégration de Sonko dans les listes électorales, le juge se donne le temps de la décision. Il a 24 heures pour trancher.

Par Malick GAYE – Incisif ! Le président du Tribunal d’instance Hors classe de Dakar l’a été hier. Devant vider l’affaire opposant Ousmane Sonko à l’Etat du Sénégal sur la présence du «Patriote» en chef sur les listes électorales, Ousmane Racine Thior a, au début de l’audience, pris le taureau par les cornes. «Retirez ces propos», a-t-il ordonné à Me Ousseynou Fall dont le tempérament n’est toujours pas l’un des plus agréables. Le conseiller de Sonko a vu un parti-pris sur la répartition du temps de plaidoirie. Qui était de 4 heures pour chaque partie. La défense étant composée de 35 robes noires  devait se le partager alors que la partie civile ne comptait que 5 avocats. «Je ne vous permets pas de dire que j’ai pris parti, vous ne me connaissez pas», a déclaré le juge pour asseoir son autorité et, par la même occasion, entériner sa décision.
Aussitôt l’incident clos, les techniciens du Droit ont fait étalage de leurs connaissances, tout en argumentant le bien-fondé de la position de chacun. Entre la forclusion du délai d’acquiescement et la constitution de partie civile de l’Etat, chaque partie a plaidé pour sa chapelle. «L’Etat s’est comporté en voyou et bandit. Il a produit des documents faux pour se justifier. Il affirme que le 17 juillet qu’ils sont partis chez Ousmane Sonko et qu’ils ont monté une affiche de notification là-bas pour revenir dans les Pv et dire qu’il n’y a pas de fiche de notification.  Et aujourd’hui,  lors de l’audience, ils ont  produit un document attestant de la délivrance  de la notification. Le 28 juillet, Ousmane Sonko est arrêté, la décision de sa radiation était le 2 août, c’est après anéantissement de son état de contumace que cela a été pris.  C’est l’une des absurdités de ces procédures», a affirmé Me Babacar Ndiaye, avant de s’en prendre au  ministre de la Justice, qui est un «analphabète en Droit pénal». Et qui s’est «trompé en croyant que la  condamnation par contumace était définitive. Il l’a dit sur plusieurs plateaux télévisés. M. le président,  depuis 2020, le Droit est à l’agonie, le Droit pénal est aussi à l’agonie, nous vous demandons de le relever et de donner une décision juste».
Un argumentaire qui n’a pas convaincu Me Adama Fall. «Entre le 19 et le 24 août, aucun acte de recours n’a été  fait. L’huissier a fait son rôle, donc nous considérons qu’il y a forclusion. M. Sonko avait un délai pour agir, il ne l’a pas fait. Son inactivité a eu des conséquences et a été sanctionnée par la loi. L’autorité, qui a radié Sonko, s’est conformée aux règles», a souligné l’avocat de la partie civile. Pour lui, «toutes ses tentatives vont échouer, parce qu’elles sont mal fondées».

Dans la même logique, Me Bamba Cissé a estimé que son client est un détenu politique victime de ses ambitions. «Il n’y a que des détenus politiques, qui peuplent les prisons du Sénégal. Je veux que naisse un Sénégal où tout le monde peut exprimer ses droits, manifester et donner son opinion.  Ne sacrifions pas notre avenir, car ces gens (l’Etat), il ne leur reste que deux mois. Vous avez dit que force restera à la loi, mais c’est vous qui avez dit que vous n’exécuterez pas une décision de Justice. A quoi ça rime, si vous faites fi de tout ça ? Vous ne serez pas candidat et c’est pour cette raison que vous faites toutes ces choses-là. Nous ne sommes plus dans un Etat de Droit», a-t-il constaté.
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