Le Directeur exécutif de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) note une contradiction entre à la fois un besoin de financement des entreprises et la pression fiscale sur celles-ci. «Il faut absolument qu’on arrive à un seuil de soutenabilité qui ne remet pas en cause la relance, parce qu’elle est plus importante. C’est elle qui nous permet de reconstituer notre économie, de reconstituer les ressources à la fois des entreprises mais aussi de l’Etat. Et si on ne fait pas attention, on risque de compromettre cette relance par les surcoûts liés à la pression fiscale», alerte Mor Talla Kane. Le Directeur exécutif intervenait hier, à un panel sur la «Mondialisation, croissance, développement et émergence», organisé par le Groupe Seneweb, qui fêtait son 20e anniversaire.
L’évidence, souligne-t-il, est que la pandémie du Covid-19 a laissé beaucoup de traces, y compris la raréfaction des ressources aussi bien pour les entreprises que pour l’Etat. Par conséquent, la relance exige beaucoup de moyens financiers de la part des entreprises pour à la fois suivre le cours de la hausse des prix des matières premières, des coûts de transport au plan international, entre autres. «Il y a une inflation galopante que les entreprises sont en train de suivre et au même moment, l’Etat qui a beaucoup donné lors de la pandémie pour la résilience est certainement à cours de ressources aujourd’hui. Et donc le moyen qui est trouvé, c’est de mettre une pression fiscale supplémentaire», semble regretter M. Kane.
Le panéliste demande à l’Etat de vaincre les démons dans la gouvernance économique. Mor Talla Kane explique : «Le gouvernement prend de bonnes réformes, mais il n’arrive malheureusement pas au bout de ces réformes. Mais dans l’opérationnalisation, la conduite, on a toujours des retards ou bien on arrête net les reformes qui auraient pu transformer l’environnement économique du pays.»
A l’en croire, c’est souvent des réformes de deuxième génération qui touchent à des choses pratiquement importantes. Ce qui les rend difficiles à mener dans toutes les économies. «On gagnerait à pouvoir nous accrocher à ces réformes-là et les conduire jusqu’à terme, quoi qu’il en coûte aux différents acteurs. Mais parce qu’on a souvent des résistances de part et d’autre, parfois du privé ou bien de l’Administration ou du politique…», explique le Directeur exécutif de la Cnes. Il en veut pour preuve les nombreuses réformes amorcées au lancement du plan Sénégal émergent. Par exemple, la réforme structurante du Code du travail. «On ne dit pas qu’il faut mettre dans l’insécurité les travailleurs, mais le mode d’organisation du travail est dépassé aujourd’hui par l’environnement. Il faut qu’on ait le courage de se parler, de sécuriser, mais aussi de transformer autrement le mode du travail. Il faut permettre d’accompagner toutes ces difficultés que nous aurons en travers et qui nous mettent en compétition avec les autres. Si on ne les fait pas, d’autres le feront et sur le marché, ce sont des gens qui prendront leurs décisions qui seront les grands gagnants», plaide Mor Talla Kane.
Par Khady SONKO – ksonko@lequotidien.sn
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