Entre «le plus grand succès diplomatique de ces 30 dernières années» et certains échecs, le Sénégal a connu une année 2017 mitigée sur le plan des relations internationales. Le pays a perdu la présidence de grandes institutions et devra désormais se contenter d’un passé glorieux.

Il n’est pas fréquent, pour ne pas dire rare, de voire en Afrique une crise se régler sans qu’il y ait une perte humaine. C’est ce qu’a réussi la Cedeao avec à sa tête le Sénégal qui a délogé Yahya Jammeh du pouvoir. Sans effusion de sang. Une prouesse qui pousse le journaliste Yoro Dia à qualifier «de plus grand succès de ces 30 dernières années» la diplomatie sénégalaise. Cepen­dant, cette victoire n’est-elle pas un succès en trompe-l’œil ? Quand on perd la présidence de la Commission de l’Uemoa, se faire coiffer au poteau à la présidence de la Commission de l’Ua, il ne fait aucun doute que cette victoire aura une valeur symbolique. Ainsi, peut-on parler de succès en 2017 ? Si la question reste d’actualité, une chose est certaine : sauf miracle, le Sénégal ne va diriger aucune institution internationale cette année. Alors, retour sur une année où la diplomatie Séné­galaise aura tout connu.
Le 30 janvier, le Professeur Abdoulaye Bathily a fini de battre campagne. Il doit attendre le vote des chefs d’Etat de l’Ua. Une victoire promise si on ne prenait qu’en compte le Cv des 5 candidats. Hélas, la position de parrain du Sénégal pour l’entrée du Maroc au sein de l’Union africaine n’est pas du goût de tout le monde. En plus, le Tchad qui convoite le poste vient piocher des voix parmi les membres de la Cedeao dont le vote était assuré pour le Sénégal. Premier revers. L’expérience, la connaissance des grands dossiers internationaux ainsi que son passé de panafricain n’ont été d’aucune utilité pour Bathily, victime d’une diplomatie incapable de faire jouer ses relations.
3 mois plus tard, c’est un autre camouflet qui attend la diplomatie sénégalaise. Hadjibou Sou­maré, ayant démissionné en décembre 2016 pour la deuxième fois, la présidence de la Com­mission de l’Uemoa va échapper à Dakar. Wade avait un accord de partage avec le Niger. Macky Sall aura tout fait en vain. Il sera consolé avec la présidence du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers logée à la Bceao.
Les Sénégalais seront plus marqués par l’attitude de leurs diplomates sur la question palestinienne. En effet, le Sénégal avait conduit une résolution contre la colonisation israélienne. Une chose que l’Etat juif n’avait pas bien accueillie. Un rappel de son ambassadeur a envenimé la relation entre les 2 pays en plus de l’aide publique qu’Israël avait gelée. Une position de principe teintée de fermeté saluée par les populations.
Des contre-performances, l’ingérence turque dans les affaires internes du pays est la plus notoire. En effet, de l’avis de Macky Sall, le «Sénégal va fermer les établissements Yavuz Selim» alors que d’autres pays, moins représentatifs, ont dit non à Erdogan.
Il ne faut pas oublier le rappel de l’ambassadeur du Sénégal à Doha à cause de la crise dans le Golfe. Là aussi, le parrain saoudien a poussé ses «amis» à le suivre dans son bras de fer avec le Qatar dont l’Emir est finalement passé à Dakar pour sans doute recoller les morceaux.

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