Les championnats d’Afrique seniors (Asaba du 1er au 5 août) sont semés d’embûches dès le début, avec des difficultés au plan logistique. Mais Fatou Diocou, la jeune athlète, se voit déjà marcher sur les traces de Amy Sène (plusieurs fois championne d’Afrique) et faire partie des meilleures lanceuses africaines.

Le sourire qui se lisait sur le visage de la jeune athlète franco-sénégalaise de 20 ans qui va prendre part à ses premiers championnats d’Afrique seniors (Asaba du 1er au 5 août), lundi en milieu de journée, a laissé place à un rictus et un visage fermé par la chaleur et l’humidité après avoir erré comme une âme en peine dans l’aérogare de Lagos.
Fatou Diocou, native de la région parisienne qui vient «tâter (son) niveau par rapport au marteau africain et mettre (sa) pierre à l’édifice de l’athlétisme sénégalais», semble gagnée par le découragement. «Franchement, vous croyez qu’on y sera demain (mardi) ?», murmure-t-elle dans le bus ramenant la délégation sénégalaise à son hôtel après avoir cherché en vain un vol en direction d’Asaba, la capitale de l’Etat du Delta (Nigeria) où doivent démarrer ce mercredi les championnats d’Afrique seniors d’athlétisme 2018.
«C’est vraiment décourageant, aucune organisation, aucun sérieux», s’emporte la lanceuse qui disait plus tôt dans la matinée toute sa joie de pouvoir prendre part à ces 1ers championnats. Même les plaintes et complaintes de sa coéquipière dans l’équipe de Anthony (Paris) en France, la Congolaise Jennifer qui pestait contre ses dirigeants, n’arrivait pas à lui faire perdre le sourire.

«J’ai un modèle,
Amy Sène, qui a
marqué les esprits»
Et comment ? La jeune athlète se voit déjà marcher sur les traces de Amy Sène (plusieurs fois championne d’Afrique) et faire partie des meilleures lanceuses africaines.
«Je suis au début de ma carrière, mais j’ai un modèle, Amy Sène, qui a marqué les esprits», a-t-elle dit, les yeux pleines d’étoiles, dans le hall d’un des nombreux aérogares secondaires de Lagos. «Oui, j’ai beaucoup d’ambitions parce qu’au-delà de l’athlétisme, je veux mettre ma main à la pâte dans la construction de mon pays», murmure comme dans un confessionnal l’étudiante en droit dont le dernier voyage au Sénégal remonte à 2015.
Mlle Diocou dont les parents sont originaires de Goudomp, dans la région de Sédhiou, indique à qui veut l’entendre «qu’il y a beaucoup de choses à faire et que tout le monde doit jouer sa partition».
«J’ai eu la chance d’avoir eu des parents qui me parlaient de ma culture, de mon pays et m’ont fait savoir la nécessité d’être fière de cette double culture franco-sénégalaise», a-t-elle expliqué, indiquant que c’est une chance qu’elle a envie de saisir.
«J’espère que ce sera en premier l’athlétisme avant d’être un autre domaine», a suggéré Diocou, dont le record personnel de 56m 56 lui permettrait certainement de prendre part à la finale du marteau continental.
«Il y a beaucoup de travail à faire, et on m’a expliqué que je fais partie d’un projet qui a pour objectif la relance de l’athlétisme», a-t-elle ajouté, se disant satisfaite de l’accueil. «J’ai touché du doigt que cette Equipe du Sénégal est une vraie famille et les dirigeants ont fait les choses en grand en allant me chercher à l’aéroport dans un premier temps», a-t-elle raconté, soulignant que le vice-président, Cheikh Boye, a poussé la gentillesse jusqu’à l’inviter à manger chez lui. «Il n’était pas obligé, mais il m’a fait sentir par ce geste et avec son épouse que je suis une des leurs», a-t-elle relevé, la mine enjouée. «C’est vraiment top et je suis vraiment de cet individualisme. Je vis au quotidien dans mon sport et dans mon autre pays, la France» a-t-elle relevé lundi, en milieu de journée.
En fin de journée lundi, et face à l’attente, l’enthousiasme a laissé la place au découragement «pour une athlète réglée comme un papier à musique», dixit son mentor Adja Arette Ndiaye (100m haies). Mais Fatou Diocou semble avoir repris du poil de la bête mardi (hier), en milieu de journée à la sortie de l’aéroport d’Asaba.
Aps