Religion – Célébration du Gamou : Ndiassane, prière et gloire à Allah

Ndiassane a vécu, dans la nuit du dimanche à lundi, son Gamou dans la ferveur.Par Cheikh CAMARA –
Le Gamou de Niassane s’est tenu ce dimanche dans la ferveur. Face au Khalife général de Ndiassane, Shérif Cheikh Bouh Sidy Moctar Kounta, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a demandé de prier pour «la tenue paisible des prochaines élections législatives prévues le 17 novembre 2024». Général Jean-Baptiste Tine, à la tête d’une importante délégation gouvernementale, venu représenter le chef de l’Etat à la cérémonie officielle de la 141e édition du Gamou annuelle de Ndiassane, capitale spirituelle de la Qadiriyya au Sénégal, ce dimanche 22 septembre, a rappelé que l’événement constitue un moment de dévotion et de rappel des enseignements de Cheikh Bounama Kounta, fondateur de la Tarikha Qadiriyya au Sénégal, dont l’œuvre a été entretenue et étendue dans le temps et dans l’espace par ses différents héritiers et les dignitaires de la confrérie Qadiriyya, qui ont enseigné partout dans le monde les versets du Saint Coran et la Sunna du Prophète Mohammed (Psl).
Le ministre, revenant sur le thème de cette présente édition : «Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété, mais ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression», souligne : «Ça nous rappelle les responsabilités des croyants, les uns envers les autres, à savoir la solidarité intellectuelle, la solidarité spirituelle, la solidarité matérielle.» En effet, poursuit-il, il ressort de cette réflexion que «notre bien-être, et celui des autres, est, par conséquent, que nous devons nous soutenir moralement et matériellement pour pouvoir améliorer davantage les conditions de vie de nos populations». Dans ce registre, Jean-Baptiste Tine a rappelé que «pour le maintien et le renforcement de la cohésion sociale, aussi bien les pouvoirs publics que les communautés religieuses doivent contribuer activement, surtout en situation de catastrophes naturelles telles que les inondations, à l’entraide et à l’assistance aux sinistrés». Il considère que «dans de pareils moments, la solidarité est cruciale pour sauver des vies, fournir des secours et aider les populations sinistrées à se relever». En ce qui concerne le gouvernement, rassure le ministre, «il continuera à s’inscrire dans la promotion des conditions de vie justes et équitables pour tous les hommes et toutes les femmes, afin qu’ils puissent satisfaire leurs besoins sociaux fondamentaux».
Le ministre de l’Intérieur sollicite des prières pour des Législatives paisibles
Dans ce cadre, le ministre de l’Intérieur a salué et magnifié «la place qu’occupe la lutte contre l’insécurité routière dans les messages des guides religieux adressés aux fidèles et aux automobilistes, notamment celui lancé en prélude au Gamou et portant sur un objectif de «zéro accident de la route»». Le ministre a aussi évoqué «l’émigration irrégulière, avec ses lourdes conséquences en pertes en vie humaine, qui constitue une préoccupation majeure pour le président de la République». Jean-Baptiste Tine rappelle qu’«en effet, lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l’Etat a demandé au Premier ministre d’engager dans les meilleurs délais, avec toutes les parties prenantes, des concertations nationales inclusives sur la migration irrégulière en vue d’ajuster la stratégie nationale de lutte en la matière». A ce sujet, dit-il, le Président Faye sollicite «le concours et les prières des autorités religieuses pour une parfaite réussite de ces assises envisagées en vue de mettre fin, ou tout au moins, de restreindre, réduire drastiquement ce phénomène».
Le ministre de l’Intérieur a réaffirmé au khalife de Ndiassane, «l’engagement du chef de l’Etat à vous accompagner dans la réalisation de vos projets», et sollicité, par la même occasion, ses prières pour que «la bénédiction, l’entente, la paix et la prospérité élisent à jamais domicile dans notre cher Sénégal». Il ne manque pas d’inviter les conducteurs de véhicules à «la prudence et au respect du Code de la route», souhaitant à tous les fidèles «un retour en paix et en sécurité» dans leurs foyers respectifs.
Ndiassane, capitale spirituelle de la Qadiriyya au Sénégal
Fondé entre 1883 et 1884 par Cheikh Bouh Kounta, le village de Ndiassane (ou N’Diâsâne), capitale spirituelle de la Qadiriyya (une confrérie soufie au Sénégal), haut lieu de pèlerinage annuel, est devenu, de nos jours, l’un des plus importants lieux de pèlerinage des adeptes de la communauté Ahloul Kountiyou du Sénégal et de la sous-région ouest-africaine. Avec des milliers de fidèles (talibés) qui y convergent annuellement, venant de partout dans le monde (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso), pour commémorer, dans la ferveur religieuse et selon la tradition de la Qadiriyya, le huitième jour (le baptême) de la naissance du Sceau des Prophètes, Seyyidinaa Mouhammad (Psl).
Capitale de la Qadiriyya sénégalaise, la cité religieuse se situe au Nord-ouest du Sénégal, dans l’ancien royaume du Cayor, non loin de Tivaouane-La-Pieuse, dans la région de Thiès. Ndiassane demeure, en effet, le fief des Kountiyou, descendants de Cheikh Bouna Kounta qui quitta en 1800 le village religieux de Bolonoir, situé aux environs de Tombouctou au Mali, sur ordre de son frère, pour venir s’installer au Sénégal, avec l’autorisation du Damel d’alors Amari Ngoné Ndella. Ainsi, celui qui sera le fondateur des Ahloul Kountiyou s’installa d’abord dans la localité de Nguiguiss, pour ensuite, sous le règne de Birima Fatma Thioub, fonder le village de Ndankh en plein cœur du Cayor.
Cheikh Bouna Kounta et sa famille demeureront dans ce village jusqu’en 1883, date à laquelle son petit-fils, Cheikh Bouh Kounta, est venu s’installer à Ndiassane. Un village qui, avec le découpage administratif survenu après l’indépendance, est devenu une collectivité locale du département de Tivaouane, plus précisément de la communauté rurale de Chérif Lô. Aujourd’hui, Ndiassane est devenu l’un des plus importants lieux de pèlerinage des adeptes de la confrérie Qadr du Sénégal et de la sous-région ouest-africaine. Lesquels fidèles y convergent annuellement pour célébrer, avec leur guide, le huitième jour de la naissance du Prophète Mouhammad (Psl).
Loin d’être fortuit, le choix du huitième jour découlerait de la volonté commune de Cheikh Al Seydi El Hadji Maodo Malick Sy de Tivaouane et Cheikh Bouh Kounta de la communauté Qadr de procéder en sorte d’éviter l’organisation d’un Gamou le même jour du fait de la proximité des deux cités religieuses, distante l’une de l’autre que d’un peu plus de cinq kilomètres. La première édition de la célébration de la naissance du Prophète par la famille Kountiyou remonterait à 1901, sous la direction de Cheikh Abdou Mouhammad Kounta. Ainsi s’établissait une tradition que les descendants du saint homme se feront le devoir de perpétuer au point de lui donner aujourd’hui une dimension sous-régionale, voire internationale. Puisque Ndiassane reçoit chaque année des milliers de pèlerins venant de l’ensemble de la sous-région ouest-africaine et principalement du Mali voisin, mais aussi de fidèles venant d’Europe et des Etats-Unis. La très forte présence de pèlerins maliens s’expliquerait, nous apprend-on, par les origines maliennes des Kountiyou.
Correspondant