Remaniement de clarification : SONKO REPREND TOUS LES POUVOIRS

La réalité du pouvoir est maintenant dans les mains du Premier ministre Sonko, qui nomme et déplace ses hommes sur l’échiquier gouvernemental. Curieusement, il n’a rien dit sur son Plan de redressement dont les pilotes n’ont pas changé. Ni donné aucun pouvoir à son homme-lige, Déthié Fall, qui hérité d’une coquille vide.
Par M. GUEYE
Monsieur Cheikh Niang a, à peine nommé au ministère des Affaires étrangères, exprimé sa joie de «travailler au sein d’un gouvernement uni, solidaire et efficace, afin de contribuer, dans un esprit de collégialité, de discipline républicaine…». Le diplomate chevronné n’a pas utilisé ces mots à la légère, lui dont on est sûr à tout le moins, qu’il sait ce que parler veut dire.
On va également lui concéder qu’il entre dans un «gouvernement uni, solidaire», mais dont l’efficacité va se mesurer au fil des jours à venir. Car le gouvernement auquel il appartient a été mis en place pour mettre en avant les idées et la volonté du président de Pastef, M. Ousmane Sonko, et pour rien d’autre.
Ce dernier vient en effet de clore le débat qui a été lancé par son actuel ministre de la Culture, du tourisme et de l’artisanat, M. Amadou Bâ, sur la primauté de la «légitimité» sur la «légalité» au sommet de l’Exécutif. C’est Sonko, le président légitime des électeurs de Diomaye, qui détermine l’ensemble de la politique de la Nation. Plus aucune parcelle de pouvoir n’est censée échapper à son autorité. Cette réalité donne à la présence de Cheikh Niang dans ce gouvernement de fidèles purs et durs, une image cosmétique, juste pour embellir la photo du gouvernement. A moins que le diplomate, à la fin de sa longue carrière, n’ait voulu à sa manière remettre à l’endroit (jubal), une politique étrangère qui commençait à devenir la risée de nos partenaires, après avoir fait la honte de nos compatriotes. Cela ne change pas grand-chose, car c’est la Justice du Sénégal qui risque bientôt de se plaindre des effets de ce remaniement. On peut par ailleurs déplorer fortement que le Premier ministre, après nous avoir présenté son Plan de redressement économique et social (Pres), n’ait pas encore pensé à sa mise en œuvre. Ce plan, présenté en urgence, n’a encore vu aucune mise en œuvre, ni annoncé un début de financement, au moment où les prix des denrées continuent de flamber.
La présence de Cheikh Diba et Abdourahmane Sarr, le tandem qui a mis à jour les «chiffres falsifiés» de notre économie tout le long du dernier mandat de Macky Sall, mais qui n’a encore pas pu convaincre le Fonds monétaire international et les autres partenaires techniques et financiers de reprendre leur coopération avec notre pays, malgré toute notre attractivité, n’est pas un signe de changement efficace. Cheikh Diba, jusqu’alors présenté comme plus proche de Diomaye Faye que de Sonko, n’a jamais pu camoufler le fait qu’il est pleinement comptable de la gestion économique du régime de Macky Sall. Et Abdourahmane Sarr, en dehors de ses belles envolées rhétoriques, n’a encore à ce jour pu convaincre aucun investisseur. Et le Pres que ses services ont piloté, et la Vision 2050 ont tous de fortes senteurs du Pse de Macky Sall.
Est-ce pour cela que le gouvernement n’a encore pas pu nous présenter un début de mise en œuvre de son Plan de relance ? C’est pourtant le domaine où le gouvernement est le plus attendu. Et cette omission démontre de manière très visible que le remaniement qui vient de se produire n’avait pour but que de passer tous les vrais pouvoirs des mains de Diomaye à celles de Sonko, mais que les problèmes sociaux de la population ne sont pas une priorité.
Le président de la République -si tant est-il qu’il en ait jamais eu envie- a fini de rendre définitivement les armes à son «pygmalion» politique. Ousmane Sonko a maintenant toutes les cartes en mains pour gouverner le pays à sa guise. Il commande à la Police, à la Justice et à l’Armée. Le Parlement est à sa solde. L’éducation et l’économie sont gérées à sa guise. Jamais, dans l’histoire du Sénégal, un dirigeant nommé par décret n’a disposé d’autant de pouvoirs. Il case ses «clients» comme il veut. Le dernier étant Déthié Fall, nommé ministre d’on ne sait quelles infrastructures.
La nomination de Déthié Fall, à un poste d’où il ne dispose d’aucun pouvoir, n’est pas la seule incongruité. Le cas du ministre-Secrétaire général du gouvernement est encore plus choquant. En effet, le décret portant dissolution du gouvernement a théoriquement mis fin aux fonctions de M. Boubacar Camara. Or, la tradition veut souvent que, à la suite du gouvernement, un décret nomme ou reconduise le Secrétaire général du gouvernement à ses fonctions. A ce jour, on n’a pas vu celui de M. Camara. D’où la question de savoir ce qu’il en est de son statut à ce jour. Le Quotidien n’a pu joindre ce dernier hier soir pour lui poser la question, son téléphone sonnant dans le vide.
mgueye@lequotidien.sn