Comme l’année dernière, il n’y a pas eu cette année de défilé du 1er mai à cause du Covid-19. Cette situation montre encore les fragilités dans lesquelles se trouvent les employés. Lors de la cérémonie de remise des cahiers de doléances, les secrétaires généraux des centrales syndicales ont soumis au chef de l’Etat les préoccupations des travailleurs, maintenus dans l’incertitude à cause d’une situation sanitaire et économique très instable.Par M. SAKINE – msakine@lequotidien.sn –

Sevrés du traditionnel défilé de la Fête du travail, les secrétaires généraux des centrales syndicales ont pu néanmoins rencontrer le Président Sall pour lui transmettre leurs doléances. Contrairement à 2020, cette année les cahiers étaient noirs de doléances, tant plusieurs secteurs comme la santé, l’éducation, les services, l’hôtellerie ont été touchés par la pandémie, provoquant des milliers de pertes d’emplois. Et les syndicalistes ont plaidé en faveur des employés à la base. «Malgré les efforts de l’Etat, le choc de la pandémie se fait encore sentir et l’inquiétude gagne le monde du travail et les travailleurs», déclare Mademba Sock, secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas). Il sollicite la baisse des denrées de première nécessité, les frais de péage sur les autoroutes qui sont, à ses yeux, une des préoccupations phare de cette période marquée par la pandémie à Covid 19. Il a aussi rappelé la question de la revalorisation significative des pensions de retraite, tout en reconnaissant que des efforts ont été faits par le gouvernement. En outre, l’Unsas recommande au gouvernement de définir une stratégie globale pour le retour du travail. «Il faut que le gouvernement fournisse, dit Madem­ba Sock, une aide im­médiate aux travailleurs licenciés, aux entreprises et aux employés aux revenus menacés par la crise, créer des emplois décents et productifs.»
Pour sa part, le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa), Elimane Diouf, a exprimé la demande de baisse de fiscalité sur le salaire des travailleurs du secteur privé qui permettra, selon lui, de renforcer le pouvoir d’achat des employés. Mais il a aussi dénoncé les «violations» dans les procédures de licenciement économique. Quid des pertes d’emplois liées au Covid-19 ? Il demande l’instauration d’un fonds spécial pour la réinsertion des travailleurs licenciés durant la dernière année. «Dans ce contexte, il importe de s’engager résolument pour mettre un terme aux violations des droits et libertés des masses laborieuses, no­tamment dans le secteur minier sur les sites aurifères de la région de Kédougou, chez les travailleurs des phosphates de Dindory dans le Fouta qui sont restés plus de 16 mois sans salaire», renchérit Cheikh Diop, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du changement (Cnts/Fc). En verve, il ajoute : «Le passif social dans les secteurs de l’éducation, la santé, le système de rémunération des agents de la fonction publique ainsi que le passif social du collectif des ex travailleurs dont ceux du nettoiement constituent les seules entraves à votre noble ambition de faire du Sénégal un pays émergent.» En écho, Mody Guiro insiste pour la sauvegarde des emplois existants : «Nous plaidons pour une prise en charge totale ou partielle par le gouvernement des salaires des travailleurs des entreprises impactées pour une période limitée sur 6 ou 12 mois, et des prix forfaitaires sur l’eau et l’électricité.» Le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts) insiste sur l’accompagnement du gouvernement dans la formalisation de l’économie informelle par des mesures incitatives et la création d’espaces propices aux activités de la mécanique, de la tôlerie, de la menuiserie, etc.