L’indépendance de la justice est une réalité au Sénégal. Le Garde des sceaux l’affirme sans ciller et  n’a pas l’intention d’entrer dans ce débat. Malgré les interpellations lors du vote de son budget, Me Malick Sall est resté aphone sur les affaires Téliko et Ngor Diop.

Il était attendu à l’Assemblée nationale à cause de l’actualité abondante, qui entoure le fonctionnement de la Justice. Les députés de l’opposition n’ont pas manqué d’évoquer devant le Garde des sceaux la crise que la justice traverse avec comme point d’orgue l’affaire Téliko, qui a écopé d’un blâme du Conseil de discipline du Conseil supérieur de la Magistrature. «Vous menez un acharnement sur les magistrats qui ont décidé d’être libres. C’est inacceptable. Il faut arrêter. Les dossiers du président du Tribunal de Podor, Ngor Diop, du président de l’Ums, Souleymane Téliko, l’humiliation du magistrat, Samba Ndiaye Seck, pour avoir lu devant le comité des droits de l’Homme un document ouvrant la voie à une révision du procès de Karim Wade, le «rétrogradage» au 1er degré du magistrat, Yaya Amadou Dia, pour avoir quitté une juridiction politique qui est la Crei, tous ces actes montrent que vous avez l’intention manifeste de museler la justice, de piétiner tous les magistrats qui ont décidé d’être libres», égrène Toussaint Manga, qui fait, à travers ces critiques, le bilan de Me Malick à la Chancellerie. C’est le même son de cloche chez Moustapha Guirassy qui a attiré l’attention sur les supposées conséquences. «L’affaire Téliko est un signalement. Il ne faut pas le prendre comme un ennemi. Ce que je vois aujourd’hui peut amener plus tard une instabilité», explique le député non-inscrit.  Comme s’ils s’étaient passé le mot, Mamadou Diop Decroix ex­plique que ces remous ont détérioré l’image de la justice. «La perception de la justice par les Sénégalais est négative. Le déballage des magistrats de Kaolack a étalé cet état de fait sur le devant de la scène. Il faut travailler pour une justice pour tous pas pour ceux qui gouvernent», dit l’ancien ministre de la Communication sous Wade. Malgré toutes ses interpellations, Me Malick Sall a jugé nécessaire que de répondre à Mamadou Diop Decroix. «Il n’y a nullement de crise dans le secteur de la justice. Notre justice est indépendante. Et c’est conforté par la communauté internationale. Le Sénégal a été élu à la commission des droits de l’Homme. Cela montre que le Sénégal est considéré comme un Etat de droit. Nous devrions tous en être fiers et féliciter celui que nous avons mis à la tête de ce pays», avance le Garde des sceaux. Qui a préféré ne pas répondre aux interrogations sur l’ancien cadre de l’Apr qui se présentait comme médecin et qui a été arrêté. Sur la même lancée, Me Malick Sall a recadré le député Mamadou Lamine Diallo. Qui a lu une lettre du journaliste Adama Gaye actuellement en liberté provisoire et séjournant en Egypte. «J’ai été surpris par le comportement du député Mama­dou Lamine Diallo. Lire la lettre d’un homme poursuivi par la justice, inculpé et en liberté provisoire pour outrage au chef de l’Etat devant cette auguste Assemblée, je ne crois pas que c’est ici qu’il faut porter ce message. Le député le faisant marche sur les prorogatives du pouvoir judiciaire. Il a empiété sur le judiciaire. Qui est en train de juger une affaire en instruction», s’est offusqué Me Malick Sall, qui était hier à l’Assemblée nationale pour défendre le budget de son ministère, qui s’élève à 59 milliards 155 millions 512 mille 145 Cfa en autorisations d’engagement et 48 milliards 456 millions 766 mille 738 Cfa en crédits de paiement.