Le dirigeant sénégalais a reconnu devant les journalistes que les choses avançaient trop lentement pour pouvoir se fixer un horizon de réalisation.

Les présidents Alassane Ouattara et Emmanuel Macron, en annonçant la naissance de leur nouvelle monnaie Eco pour juillet 2020, avaient-ils pris le temps de consulter leurs pairs, en particulier ceux de l’Uemoa ? Pour la première fois qu’il se prononçait sur le devenir du franc Cfa et sa mutation en Eco, tel que voulu par ces deux dirigeants, Macky Sall n’a pas donné d’indication rassurante. Il a plus semblé vouloir repousser cette réforme aux calendes ouest africaines. D’ailleurs, n’a-t-il pas ironisé en disant que l’on pourrait tout aussi appeler la prochaine monnaie «tortue», en référence sans doute à l’allure des réformes ?
Sans entrer dans les détails, le dirigeant sénégalais a fait comprendre que des divergences persistaient dans le processus, surtout envers les pays non-membres de l’Uemoa qui n’entendaient pas se laisser imposer un calendrier par les pays de la zone Cfa. Notam­ment la question des critères de convergence semblait être un des points d’achoppement. Ce en quoi on donnerait difficilement tort aux pays non-Uemoa, quand on sait que lesdits pays de la zone ne sont pas eux-mêmes des modèles de gestion, aucun d’eux ne respectant l’intégralité desdits critères.
Le paradoxe est que, alors que les pays africains en sont encore à se disputer sur des détails et paralysent le processus de réforme, la France de Macron essaie d’avancer à marches forcées pour tenter d’imposer sa vision de cette réforme. Le Parlement français a entériné il y a quelques semaines un projet de réforme du Cfa ouest africain, et son remplacement par l’Eco, tel que proposé et présenté par les dirigeants français et ivoirien. Or ce projet, tel qu’il a été présenté, aura très peu de chances d’être adopté par les pays d’Afrique anglophone comme le Nigeria et le Ghana. Une belle manière d’enterrer l’idée même de réforme monétaire dans la zone, dirait-on…