La rencontre d’hier au Cicad entre le chef de l’Etat Macky Sall et les élus locaux s’est terminée sur un certain nombre d’engagements et de résolutions tendant à conférer aux collectivités locales les moyens de leur exercice. Macky Sall a tracé les contours pour des communes et départements forts à même de porter les politiques mises en œuvre dans le cadre de la phase 2 du Pse.

Une nouvelle trajectoire dans la marche irréversible pour la décentralisation. C’est ce qu’a promis hier le Président Macky Sall lors du dialogue avec les élus locaux au Cicad. «Rien ne sera plus comme avant. Si les élus locaux gagnent, c’est le Sénégal qui gagne. Nous allons faire avancer d’un pas décisif nos politiques de décentralisation et cela s’appuiera principalement sur vous», a assuré Macky Sall aux élus locaux venus répondre nombreux à la rencontre. «Si j’ai souhaité vous réunir pour partager avec vous sur les cinq initiatives majeures, les trois grands et les cinq accès universels que je compte développer au cours des prochaines années, c’est que mon option est de faire jouer aux collectivités territoriales pleinement tout leur rôle dans la vie de la Nation, et cette option est irréversible», a-t-il dit. Il ajoute : «Rien de durable ne pourra se réaliser à travers les différents initiatives et programmes sans l’engagement et l’implication personnelle des élus locaux et les exécutifs locaux.» Le chef de l’Etat est également convaincu que les projets Zéro déchet, Zéro bidonville et le Pse vert pour la reforestation ne peuvent se réaliser sans les collectivités territoriales. «Vos collectivités et vous-mêmes êtes les ultimes bénéficiaires mais également les premiers acteurs. Votre implication est une obligation pour toutes les initiatives du nouveau Programme d’actions prioritaires (Pap 2) 2019- 2023 du Plan Sénégal émergent», a ainsi rappelé Macky Sall.
Les élus locaux, par la voix de Abdou Khadre Ndiaye, Secrétaire général de l’Union des associations d’élus locaux (Uael), ont adressé un mémorandum au président de la République. Document tournant autour du statut de l’élu local, le financement du développement territorial, la fonction publique territoriale et le dialogue territorial. M. Ndiaye a évoqué, en outre, d’autres points qui doivent faire l’objet de rectification pour une meilleure attractivité des collectivités territoriales. Il a, à ce titre, cité la Tva présentement entre 5 à 7% loin des 15% recommandés par le Conseil des collectivités territoriales de l’Uemoa, le déséquilibre sur la répartition des taxes entre communes et communes sous ville, la réforme sur la Cel (Contribution économique locale)… Le président de la République a, à sa suite, témoigné son accompagnement total pour des collectivités territoriales plus fortes. Il a d’ailleurs promis plus de responsabilités aux élus locaux dans la gestion courante. «L’Etat doit pouvoir se délester des questions qui peuvent mieux être prises en charge au niveau local. Par ailleurs, le 10 octobre est désormais instituée Journée de la décentralisation. «Ce qui permet, chaque année, de faire l’évaluation de l’année et de voir si nous avons marqué des pas (…). Cela permettra de faire avancer la décentralisation», a décrété le chef de l’Etat pour qui encore le statut et les compétences des nouvelles villes méritent réflexion.

Repenser la gestion foncière
La question foncière a naturellement été évoquée lors des échanges entre le président de la République et les élus locaux. Et là, Macky Sall n’a pas mis de gants pour décrier une situation qui peut avoir des conséquences néfastes pour le pays. «Nous avons une question qui fâche, c’est le foncier. C’est une question difficile qui est le principal facteur d’instabilité en milieu rural comme en milieu urbain», a déploré le chef de l’Etat. «Une réflexion sérieuse doit être menée pour que notre pays ne vive pas ce qu’ont vécu certains pays de l’Afrique australe. A Pikine ou encore à Guédiawaye, il n’y a plus d’espace pour construire un lycée ou un hôpital. Si on continue comme cela à faire de la spéculation foncière, les générations futures n’auront que la route pour passer. Autant il faut une réforme, autant il faut voir comment distribuer les terres», a-t-il dit. Avant d’avertir : «J’invite à une réflexion parce que tôt au tard, nous serons obligés de prendre des mesures de sauvegarde.» Macky Sall a également souligné que le pouvoir de délibération octroyé aux communes et communautés rurales répondait juste aux besoins de développement de l’agriculture. «Il ne faut pas les laisser donner toutes les terres qui sont du ressort de leur territoire», a-t-il dit à ce sujet.