Les artistes comédiens réclament leur place dans les instances de décision. Ils l’ont fait savoir par la voix de Mamadou Diol, Directeur artistique de la compagnie théâtrale «Kaddu Yaraakh» dont la structure tenait hier une rencontre pour marquer la célébration de la Journée mondiale du théâtre.
A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du théâtre, la compagnie théâtrale «Kaddu Yaraakh» a anticipé en organisant une rencontre hier au parc zoologique de Hann. Un moment choisi par les artistes comédiens pour réclamer leur place dans les instances de décision. «Cette manifestation vise à valoriser les artistes comédien et valoriser ce qu’ils font. Il serait bien que nous soyons dans les représentations», a confié Mamadou Diol, directeur artistique de Kaddu Yaraakh. «Le rôle des comédiens ne devrait pas se limiter à animer les meetings. Leur place devrait être là où on décide. Aujourd’hui, il y a certains qui se retrouvent dans les commissions de jeunes dans les mairies. Mais comme nous le permet la nouvelle Constitution sénégalaise, les groupes de théâtre ont droit au chapitre… », a mentionné Mamadou Diol. Il n’exclut pas l’idée de voir des comédiens sur les listes lors des Législatives prévues le 31 juillet prochain. Evoquant par ailleurs le thème choisi pour marquer cette commémoration, «Les artistes au pouvoir» M. Diol explique que c’est une façon de «soutenir que l’heure a sonné pour les artistes de réclamer un accès dans les instances de décision ».
Cette rencontre a permis aux participants d’aborder diverses thématiques au cours d’un atelier de formation. Animé par Bella Diallo, cet atelier a donné l’occasion de se pencher sur les obstacles qui empêchent les femmes d’exceller au même titre que les hommes dans le milieu du théâtre. Les comédiennes ont donc été invitées à se battre pour inverser la tendance et jouer un rôle de leadership dans le 4e art sénégalais. Abordant la question de la bonne gouvernance dans les groupes théâtraux, Mamadou Diol, de la troupe «Kaddu Yaraakh» s’est pour sa part appesanti sur les bonnes pratiques. «Cet atelier vise aussi à doter les acteurs du milieu des instruments de gestion des troupes théâtrales : comment gérer le financier et l’administratif» a–t-il expliqué. Au final, les comédiens ont tous été invités à se professionnaliser davantage, en se rapprochant des anciens pour bénéficier de leur expérience. Présent à la manifestation, le président de l’Arcots Pikine, Leyti Fall a souligné à ses jeunes collègues comédiens, l’importance de cet «impératif de formation». «Un hypocrite ne peut pas jouer du théâtre», a d’ailleurs dit un jeune comédien qui, faisant le procès de la jeune génération, a également mentionné que cette génération en est pour beaucoup «dans la mauvaise qualité de la production des pièces de théâtre diffusées dans les chaînes télés».
S’unir pour être forts
Le professeur Massamba Guéye a lui aussi profité de cette initiative, pour inciter les comédiens à s’unir pour être forts et faire face aux soubresauts qui secouent leur milieu. M. Guèye, conseiller du président de la République, a surtout demandé aux acteurs du théâtre sénégalais, de produire un bon document de synthèse de leurs échanges de la journée d’hier et de le déposer pour espérer être financés par le chef de l’Etat. «Le président Macky Sall a du mal à voir les artistes comédiens souffrir. Il est prêt à les aider. Faites un bon projet si vous voulez bénéficier de l’appui du chef de l’Etat», a dit l’enseignant et conteur, convaincu qu’il est temps que le 4e art retrouve son lustre d’antan. C’est dans une ambiance bon-enfant que s’est achevée cette journée durant laquelle les comédiens ont servi des prestations théâtrales, à faire tordre de rire leur monde.
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