Rencontre – Les chefs des bureaux nationaux de la Cedeao en conclave à Dakar : L’intégration régionale en débats


La capitale sénégalaise a accueilli la réunion annuelle des chefs des bureaux nationaux de la Cedeao. Entre défis sécuritaires, crises politiques et impératif d’intégration, les acteurs de l’organisation sous-régionale tracent la voie d’une résilience portée par la jeunesse.
Par Justin GOMIS – Durant quatre jours, les chefs des bureaux nationaux de la Cedeao se penchent sur l’harmonisation de leurs interventions dans un espace ouest-africain en pleine mutation. Cette rencontre annuelle, devenue un rendez-vous stratégique de coordination, intervient dans un contexte de «polycrise», où l’insécurité et l’instabilité politique mettent à rude épreuve la cohésion communautaire. Pr Fatou Sow Sarr, commissaire au développement humain et aux affaires sociales, a dressé un tableau lucide des obstacles actuels. Entre la progression du terrorisme du Sahel vers les pays côtiers, les chocs climatiques et les crises économiques mondiales, l’espace Cedeao navigue en eaux troubles. «Ce sont des questions auxquelles nous sommes confrontés… un ensemble de facteurs qui rendent la situation très complexe», a-t-elle admis. Paradoxalement, malgré cette grisaille, la commissaire a salué la résilience économique de la région qui, contre toute attente, continue d’enregistrer des avancées.
La fin de la tolérance face aux putschs
L’ombre des récents coups d’Etat a naturellement plané sur les échanges. Pr Fatou Sow Sarr a rappelé l’exigence de vigilance et la nouvelle doctrine de la commission : la réactivité. «La leçon qui en ressort, c’est l’engagement désormais de ne pas attendre et d’intervenir très rapidement pour que l’on reste des pays de Droit où les constitutions sont respectées.» Cette fermeté institutionnelle vise à stabiliser un espace secoué par les ruptures constitutionnelles, tout en s’appuyant sur une réalité sociologique forte : l’indivisibilité des peuples, qui restent unis malgré les soubresauts politiques au sommet.
La jeunesse, moteur de la «Cedeao des peuples»
L’un des points forts de cette rencontre est la volonté de passer d’une intégration bureaucratique à une intégration citoyenne. Le regard est désormais tourné vers l’horizon 2050. Pour les chefs des bureaux nationaux, la réussite de l’idéal communautaire repose sur l’appropriation du concept par les nouvelles générations. «Il faut que la prochaine génération ait un sentiment d’appartenance à une même communauté», a plaidé Pr Fatou Sow Sarr. L’objectif est clair : bâtir en 25 ans une conscience commune irréversible, où les jeunes citoyens de la Cedeao se reconnaissent dans un seul et même espace économique et culturel.
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