Entre l’Union des magistrats du Sénégal et le gouvernement, la tension a baissé d’un cran après des mois de dialogue rompu. Reçu hier au palais de la République, le président de l’Ums, Magatte Diop, s’est dit satisfait des engagements pris par le Président Macky Sall pour satisfaire les revendications des magistrats.

Un vent de détente a soufflé hier au palais de la République entre l’Union des magistrats du Sénégal et le pouvoir exécutif. Reçu par le Président Macky Sall à la veille de l’Assemblée générale de l’Ums, prévue du 18 au 20 août à Saly, Magatte Diop se dit satisfait des «assurances fermes»  du président de la République sur les revendications des magistrats. «Le président de la République a été très ouvert, disposé à nous accompagner pour que toutes les actions que nous comptons entreprendre dans le cadre de l’Ums soient vraiment concrétisées. C’est une audience extrêmement positive et enrichissante à tout point de vue. Nous saluons l’attitude du président de la République pour sa disponibilité en ce qui concerne la justice», s’est félicité le président de l’Ums, joint par téléphone en début de soirée hier.
S’il «réserve la primeur de l’information» à ses mandats, M. Diop informe avoir obtenu des garanties présidentielles sur la dotation des juridictions en véhicules avec le renouvellement du parc automobile des magistrats. «Le président de la République a donné des engagements fermes au garde des Sceaux. Il a été sensible à nos préoccupations. Il a décidé depuis longtemps de nous octroyer 1,5 ha à Diamniadio pour abriter le Centre de formation judiciaire. C’est une décision de taille sans compter le recrutement en personnels pour renforcer la justice en termes de magistrats et de greffiers. L’Etat est en train petit à petit de résorber ce déficit», apprécie-t-il. Pourtant ces derniers mois, les deux camps se regardaient en chiens de faïence à cause de certains dossiers.

«Ce n’est pas au président de la République de rendre indépendants les magistrats»
La démission de Ibrahima Hamidou Dème du Conseil supérieur de la magistrature, la traduction avortée devant le Conseil de discipline du juge Souley­ma­ne Téliko et la réforme portant statut des magistrats avaient quel­que peu approfondi le fossé qui sépare l’Ums et le gouvernement. «Les relations se sont pacifiées et sont devenues au beau fixe entre les pouvoirs. Cela ne sert à rien que chaque pouvoir soit dans un camp d’isolement. Tout en veillant à ce que les magistrats jouent leur rôle en toute indépendance, tout en œuvrant pour que l’indépendance soit une réalité, l’Ums doit s’ouvrir et aller discuter avec les autorités pour qu’ensemble nous essayons de voir comment trouver des solutions aux problèmes qui secouent la justice. Ce n’est pas une guéguerre qui va nous permettre de régler ces problèmes. Il faut une ouverture d’esprit tout en veillant à ce que qu’il n’y ait pas d’immixtion ou d’ingérence de quelque nature que ce soit», objecte Magatte Diop.
D’après lui, «ce n’est pas au président de la République de rendre indépendants les magistrats». «Nous devons lutter pour arracher cette indépendance. Le président de la République est le garant du fonctionnement régulier des institutions. L’indépen­dance de la justice rime avec l’indépendance du magistrat. Et c’est ce que les magistrats font. Maintenant, certains auront toujours des choses à redire. Mais dans l’ensemble, les magistrats remplissent convenablement leurs missions», dit le président de l’Ums admettant que «nul n’est parfait» car, dit-il, «la justice est rendue par des hommes».

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