La 7e édition du «Gingembre littéraire» du magazine Continent Premier pose ses valises au Prytanée de Saint-Louis. Ces 27 et 28 novembre, chercheurs, membres de la Société civile et décideurs vont réfléchir sur le thème : «Migrations sénégalaises sous le prisme du changement climatique.»

Par Mame Woury THIOUBOU – La Cop30 vient de s’achever à Belem, au Brésil, par un quasi échec, rendant plus évidente encore la nécessité pour les pays du Sud de prendre en main leur destin. Changements climatiques et migrations, le lien entre ces phénomènes n’est plus à faire, mais bien à discuter. Pendant deux jours, au Prytanée de Saint-Louis (Ugb) sera le lieu où des chercheurs et des acteurs multisectoriels viendront discuter des conséquences déjà visibles du croisement de ces phénomènes. «Le changement climatique au Sénégal n’est pas une menace lointaine, mais une réalité actuelle qui agit comme un multiplicateur de vulnéra-bilités. Il faut en parler, mais surtout faire le partage des savoirs entre acteurs aux profils différents», indique le Pr Aly Tandian, enseignant-chercheur à l’Ugb et spécialiste des questions de changement climatique, de migration, de diaspora et de développement. Pour sa 7e édition, le Gingembre littéraire a choisi pour thème : «Migrations sénégalaises sous le prisme du changement climatique.»
Organisée par Continent Premier, le magazine basé à Genève du journaliste sénégalais Gorgui Wade Ndoye, cette rencontre de deux jours verra la participation d’éminents chercheurs, mais aussi de personnes directement affectées par ces phénomènes. «La variabilité climatique se manifeste par des sécheresses prolongées, des inondations et des pluies irrégulières. Cela perturbe les calendriers agric-oles, réduit les rendements de cultures vivrières comme le riz, le maïs et le mil, et modifie la durée des saisons agricoles, rendant la production incertaine. La dégra-dation des sols et la déserti-fication, accentuées par les phénomènes climatiques extrê-mes, réduisent également la fertilité des terres», explique le Pr Tandian, qui précise que tous ces éléments, en plus du réchauffement et de la baisse de la productivité agricole et la raréfaction des ressources, poussent les populations, en particulier les jeunes, à migrer. «L’autre sens que nous donnons à cette rencontre est d’abord de faire comprendre les dynami-ques de migration climatique et surtout d’aider à analyser les mécanismes précis par lesquels le changement climatique influence les décisions de migration», poursuit l’expert, qui est également le directeur de l’Observatoire sénégalais des migrations. «Le changement climatique est un multiplicateur de menaces qui exacerbe les pressions sur les ressources naturelles (eau, sols) et perturbe les systèmes agricoles. Ensuite, l’insécurité alimentaire en est une conséquence directe avec de mauvaises récoltes, la baisse de la productivité du bétail et la raréfaction du poisson qui menacent les moyens d’existence. Enfin, la migration est devenue une stratégie d’adaptation pour les populations vulnérables ; ainsi se déplacer est souvent une réponse à la perte de leurs revenus et à l’insécurité alimen-taire», assure le Pr Tandian.
Cette rencontre devrait permettre, selon l’expert, de co-construire des politiques publiques adaptées à partir des résultats de recherches pour mettre en avant des stratégies d’adaptation comme l’agroéco-logie, le développement de l’irrigation, l’utilisation de semen-ces améliorées résistantes à la sécheresse et la formation des agriculteurs. Saint-Louis réunira ainsi des chercheurs et académi-ques, des décideurs publics et institutionnels, des organisations de la Société civile, des partenai-res techniques et financiers, etc. A partir d’études de cas et de témoignages concrets qui seront fournis par des organisations de la Société civile et des partenaires techniques et financiers, les attentes autour de cette rencontre sont également de fournir une liste de recommandations pratiques et critiques sur des projets réalisés, en cours ou à venir, en rapport avec le changement climatique et ses effets.
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