C’est une erreur fondamentale de considérer uniquement la littérature comme une expression des sentiments. C’est ce qu’a fait savoir hier le président de l’Association des écrivains du Sénégal, Alioune Badara Bèye, lors de la cérémonie d’ouverture de la première édition du Festival international de littérature de Dakar (Filid). Prévu jusqu’au 2 juillet, ce festival qui regroupe des éditeurs, journalistes, auteurs et écrivains d’Afrique, d’Europe et du Canada, est axé autour du développement de la littérature et de la liberté de création.

Par Ousmane SOW

Le président de l’Association des écrivains du Sénégal soutient qu’en tout temps, la littérature a été utilisée comme arme de régulation des relations sociales dans la bonne gestion de la cité. Pour Alioune Badara Bèye, elle joue un rôle important dans la vie de la société. «Donc, c’est une erreur fondamentale de la considérer uniquement comme expression de sentiments purement personnels», a-t-il déclaré hier lors de la cérémonie de la première édition du Festival international de littérature de Dakar (Filid). En ce sens, il admet qu’il est difficile de faire la différence entre la littérature et la politique. «Les poètes sénégalais ont toujours participé aux différents combats du continent africain. En 1987 déjà, Léopold Sedar Senghor et certains poètes africains ont participé au premier symposium du Forum de Brazzaville», a-t-il fait savoir. D’après lui, entre temps, il y a même certains écrivains africains qui ont payé de leur vie pour la quête de l’unité du continent africain. «Le drame d’un peuple commence toujours par le silence de ses écrivains. Et les écrivains africains et européens ont été de tous les combats», a-t-il indiqué. Mais heureusement, dit-il, au Sénégal, depuis l’indépendance, aucun écrivain n’a été emprisonné, exilé ou exécuté à cause de ses écrits. Au contraire, les autorités ont toujours soutenu les événements culturels. Il cite à titre d’exemple le premier Festival mondial des arts nègres de 1966, organisé par le premier Président Léopard Sedar Senghor, le premier Symposium littéraire international, organisé par le Président Abdou Diouf. Ab­doulaye Wade, quant à lui, dit-il, organisa la première rencontre en terre africaine du Con­grès mondial en 2007, où il y avait 300 écrivains à Dakar. Et aujourd’hui, avance-t-il, avec le Président Macky Sall, Abdou­laye Fodé Dionne organise le premier Festival international de littérature de Dakar (Filid).
Au-delà de renforcer la collaboration entre éditeurs, auteurs, écrivains d’Afrique, d’Europe et du Canada, ce rendez-vous consacré à la littérature et axé autour du développement de la littérature, de la liberté de création, est une «nécessité pour maintenir une production de qualité dans le continent», note le poète-écrivain, Abdoulaye Fodé Dionne. D’après lui, ce festival, conduit par des hommes de qualité dont le thème «Littérature et conflits» est animé par le professeur Amadou Elimane Kane, est venu à son moment simplement car, dit-il, avec les conflits un peu partout à travers le monde, la part des écrivains et de la littérature dans la gestion de ces conflits doit être manifeste. Ce festival est un mo­ment de communion entre les créateurs africains en vue de parler des maux de l’Afrique et d’essayer d’y remédier en terre africaine, au lieu d’aller ailleurs, souligne M. Dione. «Maintenant, nous voulons arrêter cela, rester chez nous pour mieux parler de nous», a-t-il lancé.