L’inauguration officielle de Massalikoul Jinane a été un moment fabuleux pour la communauté musulmane qui s’est pressée à Colobane, dès les premières heures de la journée. Certains ont même passé la nuit du jeudi dans l’esplanade de la mosquée, remplie dès 11 heures.
7h 25. Pour une prière du vendredi, l’heure est matinale. Allées Cheikh Sidaty Aïdara. Une charge plus lourde que d’habitude pèse déjà sur les deux voies, Niari Tally, déjà occupées, témoins de moments mémorables. Uniques. Il faut slalomer entre les files humaines, de véhicules pour espérer un minuscule passage. En ce jour d’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinane, tout le Peuple dakarois et mouride converge vers Colobane qui loge un rêve devenu réalité grâce à l’énergie et à l’engagement de la famille Mbacké. Malgré la chaleur accablante, les mauvaises conditions de circulation, la foule avance à petits pas. Pas de plaintes ni de complaintes. Juste les dieuredieufé Serigne Touba (merci Serigne Touba) montent au ciel qui a décidé de garder fermées ses vannes pour garantir une prière calme aux fidèles. Il est hasardeux de faire une évaluation : Evidemment, ce sont des milliers de personnes, de croyances, d’ethnies et de langues diverses qui marchent, comme un seul homme, vers une seule destination : Massalikoul Jinaan. Chaque talibé veut accéder à l’enceinte du lieu du culte qui ne peut contenir autant, nonobstant sa grande capacité d’accueil. On joue des coudes, mais les fidèles feront face à l’entêtement des Forces de défense et de sécurité, appuyées par la sécurité mouride. Gonflés par une énergie débordante, les talibés poussent, fracassent l’un des portails. Il ne tient plus. Il cède devant la charge. Un exemple d’engagement et de détermination. Plus de peur que de mal. Il est sûr qu’il sera retapé sur les consignes du représentant du khalife général des Mourides à Dakar dont l’arrivée est triomphale.
Mbackiyou Faye, cet homme qui a coordonné les travaux de la mosquée, est sous le halo des projecteurs. Il est escorté par des motards, il sort de sa voiture au milieu d’un cortège bruyant. Tout de blanc vêtu, de la tête aux pieds, il arpente les marches, regarde le bijou en savourant intérieurement le travail accompli. Il est à peine 10h. Oustaz Aliou Sall, prêcheur reconnu, le suit. «Aujourd’hui est une journée importante dans l’agenda cultuel du Sénégal. Je souhaite une très longue vie et une santé de fer à Serigne Mountakha Mbacké afin qu’il puisse mener à terme ses projets entamés et beaucoup d’autres qu’il aura à réaliser», dit le député Serigne Cheikh Mbacké Bara Doli. Le fils du khalife général des Layènes s’incline : «Il y a de cela 9 ans, El Hadji Lamine (Bara Mbacké) m’a fait porter la parole des familles religieuses quand il procédait à la pose de la première pierre. Les guides des différentes confréries qui sont au Sénégal ont œuvré pour la cohésion et l’entente entre toutes les familles religieuses et qu’un tel legs doit être préservé par leurs descendants. Nous avons un pays où l’on vit l’islam à travers la sounna. En ce sens, nous n’avons rien à envier à n’importe quel autre pays. C’est pourquoi nous en remercions Allah le Tout-Puissant, mais également la communauté mouride à travers le khalife général Serigne Mountakha Mbacké dont toutes les activités se résument au rayonnement de l’islam, à la paix nationale et mondiale», se réjouit le marabout layène.
Mosquée pleine à 11h
De loin, il peut entendre le bruissement de ce magma humain installé dans l’esplanade de la mosquée et aux alentours. 12 h. La mosquée est déjà remplie, mais les délégations comme les fidèles continuent d’affluer. Cet afflux de fidèles n’arrive pas à bousculer le protocole réglé comme sur du papier à musique. Entre-temps, les sapeurs-pompiers, épaulés par les agents de la Croix-Rouge, continuent d’évacuer les personnes évanouies. 13h… L’heure de la prière s’approche, le khalife de Ndiassane fait son entrée. Il est suivi du l’ancien président de la République Abdoulaye Wade et de l’actuel chef de l’Etat Macky Sall. Quelques instants après, la voix du muezzin se fait entendre du haut des minarets. Il appelle à la prière. Les gens se mettent en place. La prière de vendredi, constituée de deux «rakas», marque l’inauguration officielle de la grande mosquée Massalikoul Jinane dont les travaux ont duré sept ans et coûté 20 milliards F Cfa.