L’Assemblée mondiale de la santé s’ouvre demain avec des enjeux inédits : gestion du Covid-19, accès aux vaccins, changements climatiques… Il y a aussi l’élection du nouveau directeur de l’Oms. Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus va-t-il rempiler pour un deuxième mandat ?Par Ousmane SOW 

– La 75ème session de l’Assemblée mondiale de la santé s’ouvre demain à Genève, où se trouve le siège de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Et les enjeux sont multiples : il y a les conflits, les inégalités, la crise climatique et les pandémies. Comment assurer la santé dans un contexte lourd de menaces ? Prévue du 22 au 28 mai, la session de cette année s’articulera autour du thème : «La santé pour la paix, la paix pour la santé.» «La pandémie a freiné les progrès visant à atteindre les cibles des Objectifs de développement durable liées à la santé et a fait ressortir les inégalités qui existent à la fois au sein des pays et entre les pays», a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Oms. «Pour assurer un redressement durable, il ne suffira pas de rétablir les services et systèmes existants ni de réinvestir dans de tels services et systèmes. Il nous faut trouver une nouvelle façon de faire, ce qui suppose de changer nos priorités et de nous concentrer sur les interventions particulièrement efficaces», enchaîne-t-il.
Selon l’organisme onusien, l’Assemblée mondiale de la santé évoquera les stratégies mondiales à suivre dans les domaines de la sécurité sanitaire des aliments, de la santé bucco-dentaire et de la recherche et de l’innovation appliquées à la tuberculose. Elle examinera aussi le rapport du Groupe de travail sur le financement durable de l’Oms, le renforcement de la préparation et de la riposte de l’Oms face aux urgences sanitaires, la feuille de route pour la mise en œuvre, de 2023 à 2030, du Plan d’actions mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles, le Plan d’actions mondial intersectoriel sur l’épilepsie et les autres troubles neurologiques 2022-2031, la prévention de l’exploitation sexuelle, des abus sexuels et du harcèlement sexuel, la poliomyélite et l’Initiative mondiale santé pour la paix.
Même si la propagation du Covid-19 semble marquer le pas et les mesures restrictives de plus en plus abandonnées, la menace n’est pas levée. Et les chiffres sont là pour rappeler que le monde a vécu une véritable tragédie : en deux ans, près de 350 millions de cas ont été signalés et plus de 5,5 millions de décès enregistrés. «Alors, où en sommes-nous ? Et où allons-nous ? Et quand cela prendra-t-il fin ? Ce sont les questions que beaucoup se posent. Il est vrai que le Covid-19 continuera de faire partie de nos vies dans un avenir prévisible et que nous devrons apprendre à gérer cette maladie au moyen d’un système durable et intégré de lutte contre les maladies respiratoires aiguës, sur lequel reposera la préparation aux futures pandémies», note le Directeur général de l’Oms. Il précise néanmoins : «Cependant, le fait d’apprendre à vivre avec le Covid-19 ne signifie pas que nous laissons la voie libre à ce virus. Cela ne signifie pas non plus que nous acceptons près de 50 000 décès par semaine, imputables à une maladie évitable et traitable, que nous acceptons un fardeau inacceptable pour nos systèmes de santé, alors que chaque jour des agents de santé épuisés montent au front, que nous ignorons les conséquences des formes prolongées du Covid-19 -formes que nous ne comprenons d’ailleurs pas encore totalement-, ni que nous prenons des risques face à un virus dont nous ne pouvons ni contrôler ni prévoir l’évolution.»
Malgré les avancées, il reste un long chemin à parcourir tant la pandémie est venue rappeler les inégalités entre les pays développés et le reste de la planète. Car ils ont accaparé l’essentiel des vaccins. Et les chiffres sont encore là pour le confirmer : 86 Etats n’ont pas été en mesure d’atteindre la cible fixée l’année dernière, qui consistait à vacciner 40% de leur population. En outre, 34 Etats, la plupart dans la région africaine et dans la région de la Méditerranée orientale, n’ont même pas été en mesure de vacciner 10% de leur population. 85% de la population africaine n’ont pas encore reçu une seule dose de vaccin. «Comment n’importe qui parmi nous pourrait-il accepter cette situation ? Nous ne pouvons tout simplement pas mettre fin à la phase d’urgence de la pandémie si nous ne comblons pas ce fossé. Cependant, nous pouvons y parvenir et nous faisons des progrès en ce sens», essaie de relativiser M. Ghebreyesus, qui remet en jeu son mandat.
L’Assemblée mondiale de la santé est l’organe décisionnel suprême de l’Oms, arrête la politique de l’organisation et approuve son budget. Y participent des délégations des 194 Etats membres de l’Oms. L’ordre du jour de l’Assemblée mondiale de la santé est établi par le Comité du programme, du budget et de l’administration du Conseil exécutif, qui se réunira du 18 au 20 mai 2022. Elle est ouverte aux Etats membres, aux membres associés, aux observateurs, aux représentants invités des Nations unies et d’autres organisations intergouvernementales participantes, ainsi qu’aux acteurs non étatiques.