Les différents partenaires de l’autoroute à péage sont actuellement en pleines négociations pour ouvrir le capital et résoudre l’équation liée à la tarification.

L’Etat, bientôt concédant et concessionnaire de l’autoroute à péage ? Il faut croire que cette idée n’est pas aussi farfelue que cela. Le Quotidien est en mesure d’affirmer que des négociations sont actuellement en cours entre les représentants du gouvernement, des différents bailleurs de fonds et de la société Eiffage Sénégal, dont la subdivision Senac (sigle de la Société Eiffage de la nouvelle autoroute concédée) gère l’autoroute à péage. S’il est encore trop tôt pour qu’on puisse présumer des résultats de ces pourparlers, on sait déjà que parmi les points sur la table, il y a celui qui a été longuement évoqué ces derniers temps et qui porte sur les tarifs du péage.
Mais une autre question importante et qui sera réglée à l’issue de ces rencontres porte sur l’ouverture du capital. Et sur ce point, nous avons appris que l’Etat est en train d’étudier au plus haut niveau l’entrée dans l’actionnariat de la société Senac. Une délégation est venue directement de France pour participer, au nom d’Eiffage, auxdites négociations qui ne s’annoncent pas aussi aisées, même si elles ne se tiennent pas dans une ambiance d’hostilité.
Il faudrait que les différents protagonistes se mettent d’accord sur le niveau d’ouverture du capital. Il faut savoir que les partenaires financiers du Sénégal, qui aiment à vanter de par le monde le modèle de Partenariat public-privé (Ppp) réalisé avec l’Autoroute de l’Avenir, tiennent à maintenir ce caractère privé de la concession. Donc, il n’est pas envisageable que l’Etat puisse acquérir plus de 25% des parts de la Senac.
Et sur ce point également, les négociations risquent d’être serrées, parce que les partenaires doivent s’entendre sur le prix de l’action. Il est normal que l’Etat cherche à obtenir le prix le plus bas et que de son côté, le concessionnaire veuille présenter la mariée sous ses meilleurs atours, afin de pouvoir faire monter le prix de l’action au taux le plus élevé possible.
Si l’idée de cette acquisition est déjà acquise au plus haut niveau, il faudra voir qui sera le partenaire d’Eiffage dans la concession. Il se dit que Mountaga Sy ne se vexerait pas de voir des représentants de l’Apix siéger au Conseil d’administration de la société ainsi remaniée. L’ennui est que ce serait assez paradoxal que l’autorité concédante se retrouve également concessionnaire, même pour une part minoritaire. Il est donc plus plausible que les actions du péage échoient à la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), au Fonsis ou à une autre structure que le chef de l’Etat pourrait désigner.
L’avantage de l’entrée de l’Etat dans le capital serait, pour l’actuel concessionnaire, de mettre fin aux spéculations sur d’éventuels accaparements ou malversations dont la rumeur publique l’accuse. Et en plus de parts qui lui reviennent de droit dans la répartition des revenus, l’Etat pourrait se payer aussi sur les dividendes. On saurait alors si Eiffage a raison quand la société affirme ne pas encore dégager des bénéfices à l’état actuel de l’exploitation.
Sur la question de la baisse des tarifs également, les négociateurs vont avoir à l’esprit de ne pas dévaluer le péage par populisme. Des personnes bien informées qui ont échangé avec nous ont fait remarquer que le défi était de ne pas baisser les prix au point que tout le monde se retrouve sur le péage et que cette voie soit aussi engorgée que la Route nationale 1. «Si cela arrivait, l’attractivité du péage serait fortement réduite et on va connaître les mêmes inconvénients sur la Rn1 et sur l’autoroute à péage».
mgueye@lequotidien.sn