Pour améliorer la résilience de l’agriculture et des systèmes alimentaires face au changement climatique, un projet dénommé «Accélérer l’impact de la recherche climatique du Cgiar en Afrique» (Aiccra) a été financé par la Banque mondiale pour une durée de trois ans. La pertinence d’un tel projet qui couvre six pays de l’Afrique dont le Sénégal, repose, en effet, sur le constat fait que la recherche a eu à développer des innovations qui peuvent être utilisées pour renforcer la résilience et la productivité de nos producteurs, mais malheureusement beaucoup de ces résultats sont méconnus, regrette Dr Issa Ouédraogo, chercheur et coordonnateur régional du projet Aiccra.
Et Dr Aliou Faye, chercheur au Centre régional d’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (Ceraas), un démembrement de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), de renchérir : «La recherche a suffisamment d’innovations agricoles. Il y a des innovations qui ont été mises au point par la recherche.» Lesquelles innovations, poursuit-il, «ne sont pas arrivées au niveau du producteur» ; d’où la pertinence de cet atelier de consultation des parties prenantes pour prioriser les chaînes de valeurs des zones arides du Sénégal.
A en croire le point focal du projet à l’Isra, «il y a des goulots d’étranglement dans la transmission des résultats de recherche. Et un des objectifs de ce projet, c’est de les identifier. Il s’agit de voir ce qui ne marche pas et pourquoi les résultats de la recherche ne sont pas appliqués par les producteurs. Et donc nous allons essayer d’identifier ces manquants de la chaîne pour les contourner et trouver des solutions». Pour dire, l’objectif d’Aiccra c’est vraiment de mettre à l’échelle toutes les innovations de la recherche au profit des utilisateurs. Et parmi ces innovations, il y a l’utilisation de l’information climatique qui est un élément fondamental pour la production agricole. Il s’agit, en effet, selon Dr Fatoumata Bintou Assouline Diouf, directrice de la Recherche développement et des innovations à l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar), de permettre aux producteurs de «recevoir des informations via leurs smartphones ou par sms. Nous avons différentes applications destinées aux producteurs qui peuvent avoir l’information climatique. Durant la phase test qui s’est déroulée en 2020, nous avons enrôlé environ 100 mille producteurs. Nous sommes en train d’évaluer les effets de cette phase test. Et cela nous a aussi permis d’avoir une idée sur les zones de connectivité qui permettent aux producteurs d’avoir accès à l’information via les technologies». Et l’impact, fait savoir Dr Abdou Ndiaye, directeur scientifique de l’Isra, «sera d’abord de tisser des relations pérennes entre les producteurs et la recherche, en ce sens qu’on va pouvoir les aider à mieux comprendre et utiliser les informations d’ordre climatique, également à mieux faire la planification, ajustement de leur plan de culture en fonction des aléas climatiques. Je veux dire des risques de sécheresse ou d’inondation, la pression parasitaire. Et cela va permettre de développer des cultures qui sont adaptées pour pouvoir répondre aux besoins du marché». Selon Dr Ndiaye, avec «les changements climatiques, il y a des poches de sècheresse. Parfois la pluie arrive au bon moment ou tombe de façon prématurée. Et cela fait des décalages de semis, et du coup retarde la mise en place des cultures. Et qui dit mise en retard des cultures dit problème de développement et aussi de croissance. Donc ces deux phénomènes conjugués ont un impact non négligeable sur la production et la productivité agricole». Pour dire l’importance du projet qui va mettre en «relation ceux qui travaillent au niveau de la recherche, les producteurs et ceux qui sont chargés de la vulgarisation des technologies». Fort de ces éléments, Amadou Oury Diallo, conseiller technique n°2 du ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, de porter son espoir sur ce projet qui, à ses yeux, va contribuer à la sécurité alimentaire qui est une commande de la plus haute autorité, à savoir le Président Macky Sall.
Par Ndèye Fatou NIANG(Correspondante)
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