L’Amicale des commissaires aux enquêtes économiques du Sénégal prône le développement du commerce intracontinental et la défense de l’économie sénégalaise avec des mesures protectionnistes à appliquer dans certains secteurs. Les membres de l’Acee citent en exemple le secteur avicole qui en avait bénéficié en 2009 et qui est à l’origine de l’essor qu’il connaît actuellement. Ce qui est une manière de se réajuster par rapport à cette nouvelle donne économique imposée par les Etats-Unis avec la hausse des droits de douane à la Chine et aux pays de l’Organisation mondiale du commerce (Omc), et qui aura des répercussions sur l’économie des pays les moins avancés comme le Sénégal.

«Depuis longtemps, nous n’avons jamais cessé d’alerter l’Etat sur la position du Sénégal qui devait être celle de renforcer le commerce intracontinental avec nos voisins tels que le Mali, la Guinée, mais également mettre des mesures de défense commerciale. Il n’est pas du tout normal que le Sénégal continue à avoir des difficultés à exporter ses produits, alors que les autres pays importent au Sénégal, font rentrer leurs produits comme ils veulent. Et je pense que nous avons déjà des succès éclatants. Le secteur avicole en est un exemple : pendant des années, grâce à la mesure de défense commerciale que nous avons prise en 2009, nous avons pu créer une filière qui est devenue très puissante, qui a créé des emplois au Sénégal», fait remarquer Mamadou Lamine Ndiaye, président de l’Amicale des commissaires aux enquêtes économiques du Sénégal (Acee). Ce dernier intervenait lors de la journée de réflexion organisée samedi dernier par l’amicale sur le thème : «Le commerce multilatéral : est-ce que c’est la fin ?», que Serigne Guèye Diop, ministre de l’Industrie et du commerce, était venu présider.

«Sur d’autres aspects, d’autres produits, on peut également faire la même chose. On l’a réussi pour la pomme de terre et l’oignon. Au moment où nous parlons, il y a le gel des importations, n’empêche, le marché est quand même assez bien approvisionné pour ces produits-là. Et nous constatons que leurs prix ont connu une baisse significative. Ce sont des exemples qu’on peut reproduire à la seule et unique condition que l’Etat nous accompagne dans cette politique. Si on y va avec le secteur privé, je pense qu’on peut développer des secteurs viables et durables, et qui peuvent créer des emplois», renchérit M. Ndiaye.

Le ministre de l’Industrie et du commerce, qui s’est réjoui de la rencontre, souligne que les propositions de l’Amicale des commissaires aux enquêtes économiques du Sénégal seront compilées dans un document, sur lequel les autorités vont s’appuyer pour les appliquer à travers des projets ou propositions de loi pour mieux développer l’économie sénégalaise. «Le dispositif de contrôle des prix sera renforcé par la création de onze services départementaux du Commerce. A l’état de projet, ces services départementaux du Commerce  viendront en appui aux mille volontaires nouvellement recrutés et qui prendront fonction en juin prochain», annonce Serigne Guèye Diop. Le ministre de l’Industrie et du commerce considère que «si on combine les deux, le recrutement des 1000 jeunes, qui vont commencer en début juin, et ces 11 services, la délinquance notée dans le secteur du commerce sera éradiquée».
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