Werekaan institute (Conserva­toire africain d’art oratoire) lance de nouvelles formations dans le domaine de la prise de parole en public. Des formations dont le but est de valoriser et vulgariser le modèle de prise de parole en public en s’appuyant sur les traditions orales et oratoires incarnées par les griots, mais également un modèle qui renvoie au «métissage de l’éloquence» et de la «rhétorique sénégalaise» et arabe. En conférence de presse hier, Meïssa Mbaye, co-fondateur de Werekaan institue, a déclaré que le principal objectif est de former des leaders, managers, politiques, étudiants et des membres de la Société civile. «C’est important pour les étudiants parce que nous avons vu durant toute leur humanité il y a eu beaucoup plus de prégnants écrits que l’oral. Les étudiants ont vraiment des problèmes dans la prise de parole alors qu’ils sont confrontés à des techniques d’interviews, à présenter des masters et Werekaan est là pour leur donner des techniques nécessaires afin qu’ils puissent aussi présenter au mieux leur parcours avec une bonne aisance oratoire», s’est justifié M. Mbaye. Qui ajoute que Werekaan fait aussi la promotion des langues locales africaines et parmi les modules enseignés, il y a les aires oratoires telles que le wolof, le sérère, le peulh… et des langues d’Afrique centrale. L’objectif de ce cours, selon Samba Boury Mboup, chercheur en anthropologie culturelle et linguistique, c’est d’avoir «une vision d’ensemble des aires oratoires, de savoir ce que le griot fait ici au Sénégal ou le ‘’djéli’’. Il y a d’autres comme les ‘’niamakala’’ dans l’espace mandingue… Ce sont des personnes qui sont appelées à prendre la parole en public… C’est vraiment donner une image d’ensemble d’abord de l’art oratoire, des aires où on le pratique en Afrique et puis essayer de voir qu’est-ce que ces aires peuvent avoir de commun et où se trouvent également les spécificités».

Valoriser les langues locales dans l’éducation
A en croire Samba Boury Mboup, «l’éducation est le laboratoire qui formate le cœur et l’esprit des futurs adultes pendant qu’ils sont enfants. C’est pour montrer combien nos langues locales sont importantes dans le domaine de l’éducation et de la communication, dans celui de l’accès à la science et à la recherche. Aucun Peuple n’a pu se développer, avancer en utilisant des langues parlées par une minorité et c’est le cas du français, de l’anglais, du portugais. Dans le mieux des cas, on a entre 15, 17, 20% de personnes qui les parlent. (…) Au moins dans les 80%, on utilise le wolof. On peut utiliser le wolof et d’autres langues comme le pulaar. Dans le système d’éducation, on peut bien utiliser une bonne partie de nos langues… Cela dépend de la manière dont on organise le système d’éducation pour qu’un enfant qui commence l’école en diola puisse aller jusqu’à l’université en diola».