Récemment, une enquête épidémiologique menée en Australie et relatée dans une revue scientifique, donne des indications précieuses sur la transmission du virus dans l’air. En juillet 2020, un choriste d’une paroisse de Sydney est testé positif au Covid-19. Durant sa phase de contagiosité, il a chanté lors de quatre messes d’une heure chacune. Quelques jours plus tard, deux autres choristes et douze fidèles, assistant aux offices, seront testés positifs. Certains d’entre eux étaient pourtant assis à une quinzaine de mètres du choriste infecté. Le système de ventilation installé dans l’église ne fonctionnait pas ce jour-là. Les portes et les fenêtres étaient fermées. Pour limiter la propagation du virus, il aurait fallu que les gouttelettes émises par ce choriste se trouvent en faible nombre dans l’air.

«Si tout le monde porte des masques, on est en sécurité»
Aujourd’hui, le principal défi est d’estimer le niveau de présence de ces aérosols quand on est dans un espace clos. Car c’est le premier vecteur de contamination, très loin devant les surfaces infectées qui ne représentent qu’un nombre minime d’infections. Certains physiciens se sont récemment penchés sur le calcul du taux de Co2 dans une pièce. C’est le cas de l’enseignante chercheuse Florence Elias. Grâce à un capteur installé dans une salle de classe avec ses étudiants, elle a mesuré le taux de dioxyde de carbone. Intéressant pour savoir si une salle est suffisamment ventilée. «Quand on mesure une concentration en Co2 au-delà de la concentration initiale, on sait à peu près quelle est la proportion d’air qui a été respirée par quelqu’un dans la salle. Si on a un détecteur de Co2, on peut essayer de ne pas dépasser ce seuil, qui est fixé actuellement à 800 parties par millions, c’est-à-dire 0,8% de Co2 dans la salle. Si celle-ci est bien ventilée, si l’air est suffisamment renouvelé, donc si quelqu’un est contaminé dans la salle, la quantité de virus dans la salle ne sera pas très importante. Donc, on estime que si tout le monde porte des masques, on est en sécurité», confie Florence Elias. L’association Projet Co2, dont Florence Elias fait partie, recommande donc l’installation de détecteurs de Co2 partout en France. Les principales études menées, notamment en Allemagne et aux États-Unis démontrent sensiblement la même chose : diviser par deux le surplus de Co2 par rapport à un espace extérieur divise par deux le risque de contagion.

L’aération est un geste barrière très important
Un autre cas de figure sur lequel les études insistent : retirer son masque quand on est seul n’évitera pas une contamination. Les médecins et scientifiques le rappellent à deux semaines d’une réouverture des commerces dits non essentiels en France. Remettre son masque seulement quand un client entre dans la boutique n’empêche pas la transmission du virus. Les aérosols potentiellement infectieux sont toujours dans la salle si l’air n’a pas été renouvelé. «Le nombre de personnes présentes dans un ascenseur en même temps est limité. Mais si vous êtes sorti de l’ascenseur et que quelqu’un rentre, la personne va respirer les virus qui viennent justes d’être libérés dans l’ascenseur. L’aération est un geste barrière très impor­tant pour pouvoir ouvrir des milieux clos comme le théâtre, les salles de spectacle, les salles de cours, etc.», rappelle Florence Elias.
Rfi