Les récentes découvertes de pétrole et de gaz alimentent de vifs débats quant à l’utilisation des recettes issues de leur exploitation. Le Président Macky Sall a annoncé hier une grande concertation nationale avec «la société civile, l’opposition, la majorité et les forces vives». Il présidait la 3e Assemblée générale de l’Association des autorités anti-corruption d’Afrique (Aaaca).

Une loi sur les modes de répartition des revenus de l’exploitation du pétrole et du gaz, récemment découverts dans le pays, sera présentée à l’Assemblée nationale avant même l’arrivée du premier baril. Mais avant cela, le président de la République a annoncé hier l’organisation de concertations nationales avec toutes les franges de la société. Macky Sall qui présidait l’ouverture de la 3e Assemblée générale de l’Association des autorités anti-corruption d’Afrique (Aaaca) a appelé à une concertation autour de la répartition des recettes issues de l’exploitation de ces ressources. «Je vais convoquer au courant de ce mois de mai une grande concertation nationale et j’espère que tout le monde répondra à cet appel parce qu’il s’agira de parler de nos ressources et nous allons voter une loi avant même le début de l’exploitation.»
Selon le Président Sall, «cette réflexion impliquera la société civile, l’opposition, la majorité et les forces vives». Il faut dire que le thème de l’Ag des autorités anticorruption, portant sur «Effectivité de la coopération entre institutions de lutte contre la corruption pour une meilleure gestion des ressources naturelles» touche à ce secteur. Pour lui, le Sénégal a engagé depuis 2012 des réformes majeures afin d’asseoir une gouvernance transparente des affaires. Des réformes qui sont intervenues dans un contexte marqué par la découverte de richesses pétrolières et gazières. Ainsi, dit-il, la mise en place d’un Comité d’orientation stratégique sur le pétrole et le gaz (Cos-Petrogaz) traduit-il son «ambition de gérer les ressources pétrolières et gazières de façon inclusive et durable dans l’intérêt des populations».

Renforcer les moyens de lutte contre la corruption
Chaque année, l’Afrique subit des pertes estimées à 148 milliards de dollars du fait de la corruption, a indiqué M. Emmanuel Ollita Ondongo, président de l’Aaaca. Selon lui, «la lutte contre la corruption exige des moyens humains, matériels et financiers suffisants». Raison pour laquelle il plaide pour la mise en place d’une taxe à l’échelle du continent pour financer cette lutte. «Vu son caractère pandémique, ne serait-il pas possible que le sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine se penche sur l’instauration d’une taxe anti-corruption sur toute transaction financière transfrontalière ?», s’interroge M. Ondongo qui demande ainsi au Président Sall de plaider cette cause auprès de ses collègues africains.
«Vous m’avez chargé d’être votre interprète auprès des collègues de l’Union africaine (Ua). Je le ferai volontiers, mais je dois vous dire que pour faire passer à l’Ua la décision d’une taxe, ça ne sera pas facile. Même pour le financement de l’union, on a mis plus de deux ans pour aboutir aux 0,2% des importations et même ça, beaucoup de pays n’étaient pas d’accord. Il faudra que la volonté des Etats se manifeste aussi à travers les moyens à mettre à la disposition des organismes de lutte», a répondu le Président sénégalais. Pour Macky Sall, «il est impératif de bâtir à partir de ces assises de Dakar les consensus nécessaires pour assurer l’union sacrée contre le phénomène destructeur de la corruption».
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