Si le génie de J. J. Rousseau l’a conduit à inspirer la Révolution française, c’est bien pour avoir promu et fait comprendre ce que la conception républicaine de la souveraineté veut dire. Et, cette conception qui signe l’acte fondateur de l’Etat à travers un contrat social, signifie d’abord que les institutions en général ne doivent jamais être au service de quelques-uns, mais de l’ensemble des citoyens. Elle stipule encore que le gouvernement n’a pas pour prérogative d’accroître la puissance et la richesse de l’Etat pour le seul intérêt des institutions, mais de faire en sorte que cette puissance s’accorde au mieux avec la volonté générale et le désir d’égalité que génère cette dernière.
Ce rappel, pour attirer l’attention sur ce qui lie le citoyen-peuple à son prince afin de maintenir le pacte social. On peut convenir que Rousseau cède à un certain romantisme dans sa conception de l’Etat à travers son analyse de la souveraineté, mais le fait est que cette pensée de Rousseau demeure très actuelle, compte tenu de l’universalité des questions posées par le philosophe, quant aux notions fondamentales de «bien commun», de «volonté collective» qui constituent la société, dans une époque comme la nôtre, où s’affirment de plus en plus la particularisation des intérêts et le divorce croissant entre gouvernements et volonté populaire, compliquant, il faut le reconnaître, le respect de «l’intérêt commun».
Faut-il repenser le «contrat social» ?
Si nous posons cette question, c’est bien parce qu’elle se justifie, si nous nous replongeons dans l’actualité des dernières élections dans notre pays. En effet, nous nous rendons compte quand on regarde les derniers scrutins, d’une grande part de «hasard« dans la victoire du Président en 2012, pour ne pas dire de «surprise« due exactement à ce «hasard« triomphant. Quand bien même le prince possède la légitimité de l’élection, il doit se construire sa propre légitimité en réussissant à respecter le «contrat» qui le lie à son Peuple.
Mais, que constate-t-on de nos jours ? Le Peuple donne avec générosité sa confiance, et souvent cette confiance est trompée, et ce, dès les premiers mois de l’exercice du pouvoir. Ainsi, beaucoup d’erreurs ont été constatées dans l’exercice du septennat de notre prince : élimination de potentiels candidats à la future élection présidentielle, situation sociale délétère… Autant de faits qui cachent mal la mauvaise relation que le prince entretient avec son Peuple, et qui serait peut-être liée à la manière dont il est parvenu au pouvoir.
En réalité, tout le magistère du prince laisse voir qu’il se comporte comme quelqu’un qui se sent investi du pouvoir suprême, presque monarchique, et oublie qu’il a été aidé par des forces politiques investies en alliance, et par des citoyens qui lui ont accordé leur confiance. Cette situation devait conduire à une certaine humilité dans l’exercice du pouvoir. Mais, c’est un fait que la règle de l’horizontalité (basée sur l’empathie et la compréhension du Peuple) n’opère pas totalement, dominée à bien des égards par le principe de la verticalité du pouvoir qui voudrait que la puissance ne vienne que d’en-haut pour s’exercer impitoyable sur le Peuple.
Au vu de cette situation, faut-il repenser le «contrat social» ?