Au moment où le Sénégal s’apprête à lancer sa nouvelle stratégie de développement et dans un contexte de surendettement à l’échelle mondiale, il est important que les économistes stratèges, statisticiens et décideurs engagent sans tarder le chantier de la réforme des méthodes actuelles de calcul du Pib.

Il convient de rappeler que le produit intérieur brut est une notion inventée par un économiste statisticien américain, Monsieur Simon Kuznets,  en 1934. Il  mesure le niveau de production de biens et services dans un pays au cours d’une certaine période.

Il correspond à la somme des valeurs ajoutées brutes nouvellement créées par les unités économiques résidentes une année donnée, évaluées au prix du marché.

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Pourquoi une réflexion sérieuse devrait être menée sur la notion ?
En Afrique force est de constater que le Pib déclaré est toujours fortement minoré parce que ne prenant pas en compte  le poids important du secteur informel qui représente pourtant une part significative de l’activité économique.
Selon une  étude de la Banque mondiale, ce secteur représente plus de 70% de l’emploi total dans les économies émergentes et en développement.

Paradoxalement, les statistiques continuent toujours d’estimer sa contribution à la richesse nationale entre seulement 22 et  36%, ce qui est incroyable au regard de l’engouement qu’il suscite et de sa forte créativité.

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Son poids réel dans le Pib n’est certainement pas cerné avec précision, ce qui entraîne de nombreux inconvénients.

1 Les performances économiques en termes de croissance sont minorées.
2 La création monétaire n’est pas suffisamment appréhendée, créant des effets inflationnistes.

3 Les capacités d’endettement du continent sont réduites si l’on se réfère au seul ratio dettes sur Pib.

4 Le potentiel de créativité et d’innovation n’est pas suffisamment pris en compte dans l’appréciation des performances économiques.

5 Le continent perd des points importants dans les classements internationaux.

Nos propositions 
1- Corriger le Pib des pays africains en trouvant de manière scientifique un coefficient correcteur qui tienne compte du dynamise du secteur informel : par exemple sur la base des transactions de mobile money.

2- Trouver d’autres formules pertinentes d’appréciation du taux d’endettement différentes du ratio dettes/Pib qui ne semble plus pertinent du point de vue strictement économique. Par exemple, 33% des recettes fiscales comme capacité d’endettement annuel d’un Etat.

3- Pousser la réflexion autour  d’une nouvelle notion «Actif économique net» qui serait la différence entre le patrimoine du pays (brevets,  foncier, stocks, créances, liquidités) et ses engagements (dettes). Cette approche pourrait aussi intégrer le hors bilan des pays en estimant les réserves prouvées minières et énergétiques non encore exploitées et les différents engagements par signature.
Magaye GAYE
Economiste international 
Ancien Cadre de la Boad