Réponse à l’honorable député M. L. Diallo : Le budget peut bien glisser vers 10 000 milliards de F Cfa

Le projet de loi de finances pour l’année 2023, chiffré à plus de 6400 milliards F Cfa par le gouvernement, a été adopté en Conseil des ministres, le 5 octobre 2022.
Pour l’honorable député MLD, économiste de bonne école mais souvent évasif et prolifique à souhait, le gouvernement ne peut occulter la dette et les eurobonds.
La mission du Fmi qui, je pense, a l’avantage de l’objectivité, est claire : les recettes budgétaires recouvrées à fin septembre 2021 ont été plus importantes que prévu, mais la forte hausse des subventions à l’énergie a conduit le gouvernement à décaler certains projets pour contenir le déficit budgétaire au niveau visé de 6,2% du Pib. A moyen terme, la croissance va se situer autour de 10% en moyenne sur la période 2023-2024, grâce aux activités de production de pétrole et de gaz, et l’inflation se stabiliser à 2%.
Je rappelle à l’honorable député MLD que ce sont juste 843 milliards qui ont été enregistrés sur les prévisions dépenses et recettes du budget 2023 par rapport au budget précédent. Sur ce point, l’Etat est trop prudent à mon avis, car l’Ocde et le Trésor français tablent sur des recettes gazières et pétrolières d’1,8 milliard d’euros, soit près de 1200 milliards issus des champs gaziers et pétroliers Grand Tortue et Sangomar. Peut-être que c’est la touche de M. Moustapha Ba, nouveau ministre des Finances et du budget, qui préfère une gouvernance budgétaire modérément réactive. En effet, Il y a de la marge de manœuvre et beaucoup d’effets de levier si la consommation des ménages et l’investissement public-privé rebondissent, dopés par les subventions et transferts monétaires affectés aux ménages. Les dépenses sociales et subventions diverses -comme vous dites- lubrifient la machine économique avec la reprise de la consommation et le retour de la croissance qui, pour la première fois dans l’histoire économique de notre pays, atteindra au moins 10%, contrairement en Europe où tout excédent de revenus des ménages va vers l’épargne. Les multiplicateurs seront dorénavant la consommation des ménages et l’investissement des administrations -le Fmi et la Banque mondiale le disent et le répètent. Ce sont les nouveaux marqueurs de l’économie. En sus des mécanismes de résilience mis en œuvre depuis la pandémie en 2010, la croissance du Sénégal n’a jamais basculé en territoire négatif.
Monsieur le député, le profil de l’économie sénégalaise change radicalement avec les hydrocarbures, de mon point de vue, on peut même se permettre un glissement vers 10 000 milliards de budget avec un Pib qui atteindra 30 milliards de dollars, soit 20 000 milliards de F Cfa vers 2025. Bien sûr, il faut augmenter la base fiscale, une action qui peut commencer tout de suite avec les surprofits du secteur pétrolier et parapétrolier. Sur cette question, je vous interpelle, Honorable. Faut-il accentuer la pression fiscale sur les banques et les majors pétroliers qui opèrent au Sénégal et dégagent des profits bénéfices et profits mirifiques, les majors pétroliers et bancaires sont-ils adéquatement fiscalisés, le cas de Total Energies, Itoc, Oryx et Addax, etc. ?
Autrement dit, le secteur bancaire et le secteur pétrolier participent-ils à l’effort fiscal et parafiscal du pays, comme c’est le cas du secteur des télécommunications ou des industries extractives comme le ciment ?
Nos défis sécuritaires, alimentaires, éducatifs et sanitaires doivent faire l’objet d’arbitrages consistants et ambitieux, avec des niveaux d’affectations budgétaires conformes aux revenus et ressources d’un vrai pétrolier et gazier qui se respecte et veut sortir de la pauvreté. Rétrospectivement, le Sénégal ne peut pas investir 700 milliards pour un train de 35 km et ne pas trouver 1000 milliards d’investissements publics pour la sécurité alimentaire dans un pays qui possède 4 000 000 d’hectares de terre arable.
Nos Forces de défenses et sécurité, le ministère de l’Agriculture, le ministère de la Santé et le ministre de l’Education nationale doivent se voir affecter au moins 1000 milliards de budget pour l’atteinte rapide des objectifs cruciaux qui conditionnent notre survie, notre avenir, notre santé, et bien sûr notre défense dans une sous-région et un monde en ébullition. Voici la vision qu’on attend de vous, honorable.
Moustapha DIAKHATE
Expert et Consultant Infrastructures
Ex conseiller Primature et Cabinet Pr Cese