Le ministre de l’Environnement et du développement durable, Mame Thierno Dieng, conteste le classement de l’Oms qui désigne Dakar comme 2ème ville la plus polluée d’Afrique. Il souligne que le rapport n’a pas tenu en compte tous les éléments de comparaison. Tout de même, il reconnaît que «Dakar héberge la pollution». Pour la réduire, il annonce la mise en place très prochainement d’un observatoire de la qualité de l’air.

En 2016, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) avait classé Dakar comme la 2ème ville africaine la plus polluée parmi les 10 choisies par une étude. En prélude à la conférence nationale sur le développement durable prévue les 29, 30 et 31 mai à Dakar, le Pr Mame Thierno Dieng revient sur ce chiffre et relativise. Pour le ministre de l’Environnement et du développement durable, l’Oms, dans son rapport, n’a utilisé que les données de 2016 que seul le Sénégal était en mesure de fournir. Les autres pays auxquels a été comparé le nôtre ont fourni des données de 2011, car ne disposant pas d’instrument de mesure de la qualité de l’air. Les villes nigérianes d’Aba, (373 en 2009), Kaduna (423 en 2013), Onitsha (594 en 2009), Umuahia (274 en 2009) et la ville de Kampala (170 en 2009) arrivent largement en tête avant Dakar (146 en 2016), d’après un document extrait des mesures de Pm10 des villes polluées. Donc, du point de vue méthodologique, «il y a problème, car on ne peut pas comparer des données de 2016 avec ceux de 2009, 2011 entre autres», soutient le ministre. Aussi, ajoute-t-il, «dès lors, il y avait très peu d’éléments de comparaison par rapport à ces villes africaines».
On peut disserter voire contester la place qu’occupe Dakar par rapport aux autres villes africaines, mais on ne peut pas nier le niveau assez élevé de la pollution au niveau de la capitale. Et heureusement, le ministre de l’Environnement et du développement durable le reconnaît. Il indique : «Notre pays est impacté par les poussières désertiques en provenance du Sahara, ce qui s’ajoute à la pollution anthropique, le trafic automobile, diesel, industries, brûlages à l’air libre etc. expliquant ainsi le niveau élevé de particules fines.» Alors, pourquoi mettre l’accent sur le classement de Dakar ? Ce dernier devrait plutôt alerter les autorités et les inciter à entreprendre des actions concrètes pour permettre aux Sénégalais de respirer un air plus sain. Le Centre de gestion de la qualité de l’air (Cgqa) dont Mame Thierno Dieng a beaucoup vanté les mérites est un premier pas (avec six sites à Dakar dont un à Guédiawaye) dans la prise en charge de cette problématique, mais le seul fait de mesurer la qualité de l’air n’est pas suffisant pour réduire la pollution atmosphérique. Mame Thierno Dieng semble le comprendre, car il a dans la foulée annoncé la mise en place d’un observatoire de la qualité de l’air. Il indique à cet effet qu’un atelier sur les enjeux de la qualité de l’air va être organisé les 22 et 23 mai prochains.
ndieng@lequotidien.sn