La prise en charge des migrants qui arrivent sur les côtes européennes est un enjeu de taille, pour ne pas dire que c’est une préoccupation des autorités locales. Les cinq (5) pays de l’Union européenne, et faisant partie du Med5 (l’Italie, l’Espagne, la Grèce, Malte et Chypre), sont les plus touchés par ces arrivées. En Italie, pour faire face et apporter l’assistance qu’il faut, l’Eglise catholique, par le biais de Caritas, ne reste pas les bras croisés. Elle apporte son soutien à ces personnes en situation vulnérable. Villa Pettini est l’un des centres d’accueil qui offre son hospitalité aux migrants réfugiés, mais aussi aux personnes demandant la protection internationale.
Ils sont plus de 20 mille migrants africains à arriver sur les côtes italiennes à bord d’embarcations parties d’Afrique du Nord, depuis le début de l’année. C’est le bilan qui a été rendu public en juin dernier par le ministère italien de l’Intérieur. Pour la prise en charge de ces femmes, jeunes hommes et enfants, qui arrivent souvent en détresse, l’Eglise catholique, par le biais de Caritas, ne reste pas les bras croisés.
Située à Saint Giovanni Val d’Arno, Montevarchi (Arezzo), la Villa Pettini est l’un des centres qui accueille des migrants. Trouvé sur le lieu, Bruni Tommaso est opérateur d’accueil de migrants, de réfugiés ou de personnes demandant la protection internationale. A l’en croire, le centre accueille deux types de migrants. Il s’agit des migrants de la Méditerranée qui débarquent en Sicile où ils demandent la protection internationale en Italie. «Ils sont directement gérés par la Préfecture, qui nous les envoie en fonction de notre capacité d’accueil», explique M. Bruni. Toujours d’après ses explications, la Préfecture assure la gestion des migrants, les affecte dans chaque centre en fonction de sa capacité d’accueil. A cet effet, chaque centre d’accueil d’une fondation religieuse, comme la Villa Pettini, «reçoit 25 euros par jour et par personne de la part de la Préfecture», explique Tommaso Bruni.
Cet argent est destiné à permettre au centre de fournir un certain service aux migrants. Il s’agit essentiellement de la nourriture, de l’apprentissage de la langue, des rencontres avec un psychologue, du service d’hygiène et sanitaire, entre autres. En plus de cette somme, chaque migrant bénéficie de 2,5 euros par jour, pour argent de poche. Compte non tenu des dépenses supplémentaires qui peuvent survenir pour les enfants. Tout ce travail se fait sous l’œil vigilant des autorités de la Préfecture. Et, l’opérateur d’accueil informe que la Préfecture «assure» un contrôle périodique et toutes les dépenses sont répertoriées et «transmises à la Préfecture». Ce traitement pousse certains bénéficiaires à s’habituer à la facilité.
La protection internationale
Ce n’est pas facile d’obtenir la protection internationale en Italie. La procédure peut durer jusqu’à 5 ans. La requête est renouvelable. L’obtention de la protection internationale permet au bénéficiaire de voyager un peu partout, sauf dans son pays d’origine. Elle est offerte en Italie conformément à la Convention de Genève. Outre ce cas, il y a la protection des cas sociaux pour une durée de deux (2 ans) renouvelable. Depuis 5 ans, les cas sociaux ont été bien définis par le gouvernement italien afin d’éviter les confusions. Pour être éligible, établit M. Bruni, «le migrant doit démontrer, avec des preuves, être un cas social». A titre d’exemple, poursuit-il, «il y a eu un Sénégalais homosexuel qui a été admis comme cas social. Il a démontré être victime de discrimination et d’exclusion dans son pays d’origine». Une fois que le bénéficiaire de la protection internationale ou du statut de cas social obtient son titre ou permis de séjour, il quitte le centre. Il va désormais apprendre à voler de ses propres ailes. En plus des centres d’accueil, certaines communes, sur la base du volontariat, offrent leur hospitalité à des migrants pour une période de 6 mois.
Cris du cœur
Au centre d’accueil de Villa Pettini, deux femmes originaires du Soudan et leurs familles sont recueillies. Elles n’ont aucune intention de retourner au pays. Sur ces visages foncés, obscurcis par les souffrances et le trajet pour arriver en terre italienne, ces dernières tentent d’oublier le passé et d’ouvrir une nouvelle page de leur vie dans leur désormais pays «d’adoption». Sous le sceau de l’anonymat, elles s’expriment l’une après l’autre, et les voix sont presque inaudibles. A la question de savoir comment elles se portent, l’une d’elles lance : «Nous allons bien et on s’intègre petit à petit.» Au pays, elles ont été obligées de fuir ave leurs familles pour échapper à la mort, aux agressions, viols, entre autres. «On n’est pas en sécurité au Soudan. Des familles sont massacrées, des hommes et femmes kidnappés, des femmes battues et violées. Il fallait fuir pour sauver notre peau», raconte la deuxième. Pour fuir, elles se sont rendues en Libye dans des conditions épouvantables. C’est de là-bas qu’elles ont trouvé le moyen de rallier le Niger, où elles ont été accueillies dans un camp de migrants avant de bénéficier du corridor humanitaire et se retrouver en Italie. L’une d’elles a vu son mari se faire tuer et le reste de sa famille kidnappé. Aux chefs d’Etat africains, elles demandent de «s’émanciper, de lutter contre la discrimination, d’œuvrer pour le changement de mentalité et de mettre au point des politiques de développement qui puissent permettre une bonne éducation aux enfants, leur prise en charge sanitaire», entre autres. Sinon, regrettent-elles, «l’Afrique est loin du développement et par conséquent, ce n’est pas pour maintenant la fin de l’émigration irrégulière». Tant que les populations n’auront pas ou ne pourront pas s’accomplir chez elles, elles iront ailleurs pour le faire. Cela est inéluctable.
Par Pape Moussa DIALLO