Reportage – Village ancien du Patim : Dialambéré, un trésor caché à Kolda

Chef-lieu de commune rurale, Dialambéré est niché dans la brousse du Patim, à l’est du département de Kolda. Créé vers les années 1900 par Habibou Koïta, un Soninké venu du Mali, précisément du village de Djigui Maka, Dialambéré est à 42 km du centre-ville de Kolda. Il est situé à 3 kilomètres de la Rn6 menant à Tambacounda via Diaobé et Vélingara. Cette bourgade enclavée veut aujourd’hui une route bitumée et un lycée d’enseignement général pour sa double identité de village et chef-lieu de commune rurale.Par Aladji BADJILANG
– Les images de carte postale à Dialambéré ne finissent jamais. Il y a ces palmiers qui s’embrassent, cette verdure à perte de vue, entourée de cours d’eau qui attirent les animaux et les oiseaux. Au-dessus des têtes, ils chantent au milieu d’une forêt qui respire la tranquillité. Une image d’Epinal !
Le village de Dialambéré est fondé vers 1900 par Habibou Koïta, qui est venu du Soudan occidental, actuel Mali. Avant de fonder Dialambéré, Habibou Koïta et sa famille étaient d’abord à Dioulacolon, où ils ont été chassés par les Peuls. A Dialambéré, cette famille d’origine soninké s’est multipliée par le mariage avec d’autres ethnies. Et le père fondateur de ce village devient un proche de Alpha Molo Baldé. Ce qui lui a valu sa sédentarisation dans la localité, devenue enfin un village peuplé de Sarakholés, de Peuls, de Mandingues, de Bambaras et de Sérères venus du nord. De ce melting-pot, le village de Dialambéré est aujourd’hui composé de cinq grands quartiers dont chacun est dirigé par un notable, avec un seul chef de village. La bourgade est entièrement constituée de musulmans, avec deux mosquées et une grande mosquée pour les prières du vendredi dirigées par l’imam Thierno Ahmadou Koïta.
Infrastructures sociales de base
Entre la Rn6 et le village de Dialambéré, il faut parcourir près de trois kilomètres sur une route cahoteuse, parsemée de crevasses et de nids de poule. Un tronçon impraticable pendant la saison des pluies, surtout avec un véhicule ou à bord d’une moto. Suffisant pour que les populations montent au créneau afin de réclamer le bitumage de cette route qui sert de porte d’entrée à Dialambéré-village et à accéder aux autres localités polarisées par cette commune. D’ailleurs, Younouss Koïta, fils du terroir, venu présider la finale de football remportée par l’Asc Jam Jam de Médina Koundié aux dépens de l’Asc Avenir de Dialambéré, a porté haut cette doléance. Responsable politique au parti Aaris de Mame Boye Diao dans l’actuelle mouvance présidentielle, Younouss Koïta, à travers ce tournoi de l’amitié et de la fraternité entre villages, appelle les jeunes à participer activement aux actions de développement, aux côtés de l’Etat, et lutter contre la migration irrégulière.
Au village de Dialambéré, il existe un poste de santé. Un bâtiment construit et bien ceinturé par un mur pour plus de sécurité. Avec un personnel médical disponible, ce sont les produits pharmaceutiques qui font défaut parfois, en plus des évacuations sanitaires assurées par un petit véhicule en guise d’ambulance. Et dans son périmètre communal, Dialambéré a quatre postes de santé, quatre collèges d’enseignement moyen et 14 écoles élémentaires pour tous les 69 villages. Aujourd’hui, les populations de la commune réclament un lycée d’enseignement général pour mieux réduire les distances et lutter contre la déperdition scolaire qui se manifeste par le taux d’abandon élevé, les grossesses et les mariages précoces.
Sur fonds propres, le Conseil municipal a clôturé le seul terrain de sport qui regroupe en compétition les différentes équipes de la commune.
Défis sécuritaires
Au plan sécuritaire, le village de Dialambéré fait partie des localités bien surveillées par les éléments du Poste de gendarmerie de Dabo, situé à sept kilomètres de là.
Ce qui renseigne à suffisance que le vol de bétail est un vieux souvenir dans cette bourgade. D’ailleurs, on rencontre ici des troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres appartenant aux populations locales qui sont à la fois éleveurs et agriculteurs. Dans ces villages dont les concessions sont entourées de palissades faites à base de «crintins», les jeunes ont formé des comités de surveillance de la forêt dans le cadre de la lutte contre la coupe abusive et le trafic illicite du bois. Des actions bénies par Maka Koïta, actuel et 11e chef de village de Dialambéré.
A signaler le caractère politique de ce village qui a envoyé ses fils vers d’autres cieux. Alpha Koïta, ancien Pcr de l’ex-communauté rurale de Bagadadji, et Bouna Koïta, 1er maire de la commune de Dialambéré, sont tous des descendants du fondateur de ce village aussi riche en facettes culturelles. C’est dans ce village que se trouvait le troupeau de chevaux de guerre du roi peul Alpha Molo Baldé, l’autre facette mythique et mystique de Dialambéré. Aujourd’hui, plus de 15 mille âmes se réveillent à Dialambéré, l’un des plus gros villages du Fouladou.
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