Birame Soulèye Diop pense que Petrosen pourrait remplacer Kosmos Energy et exploiter le gaz de Yakaar Teranga. Sans ressources financières et intellectuelles disponibles, on se demande qui les autorités pensent pouvoir convaincre.

Par M.G. – L’info donnée hier par Reuters n’a pas fini de faire du bruit. Le gouvernement aurait l’intention de racheter les parts de Kosmos dans le bloc gazier de Yaakar Teranga, à l’expiration de la licence de l’opérateur australien. Le ministre de l’Energie et du pétrole, Birame Soulèye Diop, en a fait la déclaration avant-hier à Diamniadio, en marge de la cérémonie d’ouverture du Forum Msgbc. La licence de la compagnie australienne expire en juillet 2026. A ce jour, si Kosmos Energy espère obtenir une Décision finale d’investissement (Dfi) en 2026, la compagnie peine toujours à trouver un partenaire qui lui permettrait d’entamer le processus de production du gisement de Yakaar Teranga. Et malgré les assurances du ministre de l’Energie du Sénégal, la compagnie nationale Petrosen est bien loin de pouvoir suppléer ou même venir en appui des ambitions affichées.

Des experts du secteur énergétique, consultés par Le Quotidien, n’ont pas hésité à afficher leur pessimisme quant à la volonté affichée par le représentant du Sénégal. Ils assurent que Petrosen, qui ne détient que 10% de Yakaar Teranga, contre 90% pour Kosmos Energy, devrait, s’il voudrait rendre ce projet viable, s’apprêter à investir beaucoup de ressources dans le projet. S’il est vrai que les études réalisées par Bp sont disponibles, l’opérateur devrait néanmoins réaliser une étude d’impact environnemental et social. Le désaccord avec l’Etat, qui avait poussé Bp à se retirer du projet, tenait à la finalité du projet. Là où la multinationale voyait un projet orienté vers l’exportation, le partenaire national voulait privilégier la consommation locale. C’est cela qui avait poussé à la mise en place du Réseau gazier du Sénégal (Rgs), qui n’est d’ailleurs toujours pas achevé.

De plus, Petrosen aurait besoin d’acquérir un Fpso afin de pouvoir pomper le gaz, le traiter, avant de le mettre dans les pipelines et le transporter vers une usine de traitement où il pourrait être transformé en Gnl. Tout cela demande une certaine logistique en amont et, surtout, que la demande soit disponible. Bp, dans ses négociations avec l’Etat, avait trouvé que le marché domestique n’était pas assez important pour justifier des investissements exclusivement tournés vers la consommation domestique. Les autorités nationales ont sans doute pensé que le seul Gta devrait se contenter de satisfaire les besoins de l’exportation, et les autres sites, comme Yakaar Teranga, approvisionner le marché local.

Mais si Kosmos Energy se retire, les experts assurent que l’Etat du Sénégal devrait trouver un ou des partenaires pour le remplacer. Le pays, dans sa situation actuelle, trouverait difficilement les ressources nécessaires pour construire une usine de traitement afin de transformer le gaz en Gnl, acquérir un Fpso pour traiter et mettre le gaz dans les pipelines, sans compter tant d’autres besoins. Tout cela demanderait, au bas mot, dans les 6 milliards de dollars américains. L’Etat aurait-il les moyens de faire face ? Kosmos Energy, avec toutes ses capacités, n’a pu trouver de remplaçant pour couvrir les dépenses que devait faire Bp. Et Kosmos, malgré sa petite taille, a plus d’entregent que l’Etat du Sénégal en la matière. Qui prendrait alors le risque ?
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