Le gouvernement aurait commandité un audit des finances publiques auprès du cabinet Forvis Mazars. Le Fmi déclare ne pas prendre d’engagement dans un sens ou dans un autre tant que le gouvernement n’a pas clarifié les points concernant les falsifications notées dans la gestion des finances publiques par l’ancien régime. En attendant, seul le gouvernement pense pouvoir relever le pays sans l’aide de ce partenaire.M.G. – 

Les Sénégalais, qui s’intéressent aux questions économiques internationales, ont fini par s’habituer au nom de Edward Gemayel, le responsable du Sénégal au Fonds monétaire international (Fmi). Ils avaient l’habitude de voir ses sorties dans les médias locaux quasiment à chaque semestre, lors de la revue de la coopération entre le Sénégal et cette institution. Cependant, avec la suspension de cette coopération, et en attendant les réponses que le fonds déclare toujours attendre des autorités sénégalaises, c’est le nom de Julie Kozack qui devient de plus en plus familier. La directrice du Département de la Communication au Fmi est devenue la voix autorisée pour savoir où en sont les relations du Fmi avec les autorités sénégalaises. Déjà, Mme Kozack disait il y a quelques jours que son institution attendait que les autorités clarifient la situation concernant les chiffres falsifiés sous l’ancien régime politique. Elle avait déclaré : «Nous continuons à travailler avec les autorités pour résoudre l’affaire complexe de fausses déclarations qui est en cours, et le traitement de cette affaire complexe nécessite un processus rigoureux et long.»
Tant que cette situation n’était pas clarifiée, le Fmi ne voulait pas s’engager dans la signature d’un autre accord. Hier encore, elle a réitéré ses déclarations. A une question sur le Sénégal, lors de son briefing de presse, elle a encore dit : «Nous nous félicitons du nouvel engagement du gouvernement à la transparence et de leur volonté de mettre à jour les écarts concernant le niveau de la dette et du déficit fiscal. Les autorités sénégalaises sont en train de mener leur propre audit, et on peut s’attendre à de nouvelles découvertes. Nous attendons les résultats de cet audit pour mieux comprendre les enjeux et voir comment on peut avancer. Dans l’attente de cet audit, nous nous abstenons de prendre un quelconque engagement.»
L’audit en question est celui commandité par les autorités sénégalaises auprès du cabinet Forvis Mazars. Cela semble indiquer que malgré tous les efforts des pouvoirs publics, les partenaires internationaux, de même que l’opinion publique nationale, ne semblent pas avoir été convaincus par le travail accompli à ce jour par les services du ministère des Finances et du budget, ainsi que par les résultats de la Cour des comptes, qui semble avoir ajouté encore plus de confusion. Un troisième audit clarifiera-t-il les choses et permettra-t-il de décanter la situation entre le Fonds et le Sénégal ? Il y a quelques semaines, le Premier ministre se vantait de ce que la suspension des décaissements par le Fonds monétaire n’ait pas conduit le pays à l’écroulement. Il n’a néanmoins pas dit que le pays allait mieux.
Au contraire, comme un signal, les obligations du Trésor, libellées en dollar, se sont encore dégradées, quel­ques jours avant la sortie de la directrice du Département de la Communication du Fmi. Si le Premier ministre nous a assuré avoir ramené plein de contrats économiques avec des hommes d’affaires chinois, on ne voit pas encore comment cela pourrait inverser les tendances négatives du pays sans un coup de pouce du Fonds, et le signal qu’il donnerait aux partenaires habituels du Séné­gal.

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