Si l’éducation est l’un des plus importants piliers de développement d’un pays, la gestion des écoles est aussi un sérieux problème. Aux écoles Lion et Aynina Fall, situées dans la commune des Hlm, les élèves étudient dans deux environnements totalement différents. Il s’y pose la gestion du cadre de vie, qui ne permet pas souvent aux enfants de s’épanouir en toute sécurité dans leurs espaces scolaires.Par Adja Fatou Ndiaye DIENG –

A l’entrée de l’école Lion, située à Ouagou Niayes, il est installé une cantine de Pmu, des déchets ménagers qui s’amoncellent, des jeunes qui consomment de la drogue à ciel…. C’est le décor aux alentours de cet établissement, disposant de deux portes peintes en bleu et gris. Alors que l’entrée principale donne sur la grande voie, l’autre est condamnée derrière des maisons, situées de part et d’autre de l’école. En face de Lion, les vendeuses étalent leurs marchandises sur des tables sous le «regard» bienveillant de Baye Niass, Serigne Babacar Sy, Mame Limamou Laye, représentés en images sur les murs des habitations dont les entrées sont obstruées par des «lignes de séchage de linge».

A l’intérieur de l’école, le visiteur est bluffé par la verdure. Lors des précédentes vacances scolaires, le conseil de quartier des Hlm 1 avait organisé une journée de l’environnement : de nombreux arbres ont été plantés à cette occasion pour donner à l’école une image verte. L’objectif a été atteint. Mais, le décor est chahuté par les déchets jetés à même le sol, l’état des toilettes, des robinets et des fosses septiques. Il y a aussi une image qui rebute tout le monde : il y a un tas d’immondices à proximité des Wc alors que les poubelles, installées à l’entrée de l’école, sont à moitié vides.

Avec sa peinture défraîchie, l’école Lion, créée en 1962, compte douze salles de classes, le bureau du directeur, la maison du gardien, située à proximité de la petite porte. Grâce à l’Amicale des anciens élèves de l’école, 6 classes et le bureau du chef d’établissement ont été partiellement réfectionnés. Vêtu d’une chemise noire à rayures blanches, d’un pantalon, de chaussures, qui reviennent tout droit du cireur, M. Samba Ba, enseignant en classe de Cm2, efface le tableau et regagne son bureau. Il reçoit à tour de rôle certains élèves, qui n’arrivent pas à assimiler le cours. Interpellé sur l’insalubrité à l’école, M. Ba répond : «C’est l’équipe municipale, qui était chargée de nettoyer l’école, qui est à l’origine de cet état de fait.»  Il précise : «L’équipe municipale a nettoyé l’école sans pour autant enlever les déchets.»

En classe de Cm1, Maodo Samb, habillé d’un pantalon noir et d’un tee-shirt noir blanc, en pleine discussion avec ses camarades de classe, rajoute : «Le gardien de l’école a creusé un trou pour y brûler ces déchets laissés par les agents de la mairie.» Selon une source anonyme, «c’est le gardien de l’école et un agent de la mairie qui ont demandé à ce qu’on laisse les déchets sur place. Ils seront brûlés ou ramassés par les éboueurs de l’Ucg. Mais, ça n’a pas changé depuis le 3 octobre 2022».

A l’image de la plupart des écoles, la gestion des toilettes reste un sérieux problème. Avec des toilettes dont les portes ne ferment pas, l’intimité des élèves n’est pas respectée. A l’intérieur, il n’y a ni robinet, ni seau, encore moins de savon, pour permettre aux enfants de se nettoyer selon les règles hygiéniques. Ils sont obligés d’utiliser leur propre bouteille d’eau pour faire leurs besoins, de supporter les odeurs nauséabondes… au péril de leur santé. Bien sûr, les risques de maladies sont énormes. En outre, l’eau stagne dans les lavabos à cause des fosses septiques qui sont bouchées. «Il arrive que l’eau déborde jusqu’à inonder toutes les toilettes», ajoute un homme.

Gestion des toilettes
Interpellé sur cette situation peu reluisante, M. Papa Alassane Mané, enseignant dans cette école depuis 2007, habillé d’une chemise bleue et d’un pantalon noir, assis devant la classe de Ci, en train de rédiger les emplois de temps, explique : «L’école n’a pas les moyens d’engager quelqu’un pour faire le nettoyage.» Maodo Samb enchaîne : «Nous ne pouvons pas aller jusqu’à chez nous pour faire nos besoins. Nous sommes donc obligés d’utiliser ces toilettes.»

L’école Aynina Fall, ex-Hlm 2, située non loin de la mairie de la commune, est par contre d’une propreté à vous couper le souffle. La devanture est très bien entretenue, en dehors des herbes qui ont poussé pendant les vacances scolaires.

A l’intérieur se trouvent des blocs de bâtiments. Situés à droite et gauche de l’établissement, les deux premiers comptent chacun trois salles de classe. Alors que le dernier, un R+1, compte au total six classes. Bien sûr, la propreté des lieux est assurée par le directeur, les maîtres de service, les élèves et le gardien. Le directeur de l’école Aynina Fall, Amadou M. Ba, nouvellement affecté à ce poste, rend hommage à son prédécesseur, qui est maintenant à l’école Hlm 4/E, qui a porté l’école à ce niveau. «Je tiens à la propreté de l’école, c’est pourquoi j’y prône une gestion participative. Les élèves asthmatiques sont dispensés de toute activité de nettoyage.» Pour l’entretien des toilettes, une femme de ménage a été engagée pour assurer la salubrité des lieux.

Vêtu d’une chemise bleue et d’un pantalon marron tabac, le directeur est très sollicité : il reçoit les anciens élèves, qui veulent retirer leur Cfee, des enfants envoyés par leurs maîtres pour venir récupérer la clé du magasin ou de la craie, les parents qui viennent récupérer les bulletins de notes de leurs enfants, l’Amicale des anciens élèves de l’école qui souhaite apporter son soutien à l’école comme elle fait chaque année scolaire.

Créées en 1962 par Léopold Sédar Senghor, les écoles Lion et Aynina Fall font partie de l’écosystème scolaire de la commune des Hlm, qui compte une bonne dizaine d’écoles primaires.
Stagiaire