Accusant la France de soutenir les groupes djihadistes du Nord Mali, les autorités de Bamako ont saisi le Conseil de sécurité de l’Onu pour faire cesser les «actes d’agression» de Paris. Le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, déclare détenir des preuves de ces griefs, sans les dévoiler.Par Mamadou T. DIATTA – 

Le bras de fer engagé par le Mali contre la France prend de nouveaux développements. Après avoir accusé Paris de soutenir les groupes djihadistes du Nord Mali en leur fournissant des armes et du renseignement, Bamako ne compte pas laisser en l’état cette question qu’elle juge cruciale. Pour ce faire, le gouvernement de Transition du Mali a saisi le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) afin que celui-ci convoque une réunion d’urgence pour se pencher sur la question. L’Etat malien veut mettre un terme aux «actes d’agression» qu’il dit subir de la part de la France sous forme de violations de sa souveraineté, de soutien apporté, fait-il savoir, aux groupes terroristes, mais aussi d’espionnage.
Dans un courrier adressé à la présidence chinoise du Conseil de sécurité de l’Onu, le chef de la diplomatie malienne dit détenir des preuves du soutien français aux groupes terroristes du Nord Mali sans dévoiler celles-ci. Abdoulaye Diop déclare que les dirigeants maliens ont en leur possession «plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et munitions». M. Diop annonce aussi que son pays a demandé à la présidence chinoise de communiquer ces éléments aux membres du Conseil de sécurité. Tout en faisant comprendre que les Français pourraient avoir transporté par hélicoptère, deux membres d’un groupe djihadiste au début de ce mois d’août dans la région de Tombouctou.
La dernière réaction énergique de Bamako donne une nouvelle allure à la tension qui prévaut entre les deux pays. Celle-ci est peut-être loin de clore la longue liste d’accusations lancées par le Mali à l’encontre de la France. Puisqu’il faut remonter à l’année 2013 pour se rappeler les premiers griefs de Bamako contre Paris.
Appréciant les accusations maliennes, le nouveau Commandant de la force Barkhane les a qualifiées d’insultantes à l’égard de la mémoire des soldats de Paris, de leurs frères d’armes maliens et des soldats onusiens tués dans ce pays depuis la survenue de la crise malienne. Jugeant «étonnant» que ses compatriotes soient accusés de soutenir les groupes terroristes du Nord Mali, le Général Bruno Baratz, Commandant de la force française Barkhane, déclare au micro de Radio France internationale au Niger : «C’est un peu insultant pour la mémoire de nos 59 camarades (français) qui sont tombés en se battant pour le Mali, et également pour la mémoire de tous les Maliens qui se sont battus à nos côtés, mais aussi les personnels de la Minusma, des forces africaines de la Minusma qui sont tombés en luttant contre le terrorisme.»
Du côté français toujours, le démenti est catégorique. Puisque l’ambassade de France au Mali soutient avec force que son pays n’a «évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement», les groupes djihadistes présents au Mali, ni Al-Qaïda ni le groupe Etat islamique. La chancellerie française indique que ces deux entités ont d’ailleurs mené des attentats sur le sol français et que l’Armée française a tué plusieurs centaines de djihadistes au Sahel ces neuf dernières années dont de très hauts responsables.
Après avoir achevé ses opérations de retrait du Nord Mali, la force Barkhane a transféré lundi, la dernière base qu’elle occupait aux autorités maliennes. Ces dernières ont commencé à remettre lesdits édifices ou locaux aux militaires russes, qui ont commencé à s’y installer.

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