Le secteur de la pêche à Mbour, jadis moteur de l’économie locale, traverse une crise profonde qui pousse de nombreux jeunes à l’exode, souvent par des voies irrégulières. C’est dans ce contexte que le Réseau migration développement, dirigé par Mme Aby Sarr, a organisé, hier à la Bourse du travail, une restitution du rapport de collecte d’informations sur la migration et la pêche, en présence des acteurs du secteur et des autorités locales.

Les professionnels de la pêche, confrontés à la raréfaction des ressources halieutiques, aux effets du changement climatique et à la surexploitation des stocks de poissons, peinent à maintenir leur activité. Ces difficultés économiques ont un impact direct sur la jeunesse, privée de perspectives d’emploi et tentée par l’émigration, souvent dans des conditions précaires et dangereuses.

Le chef du Service départemental de l’Action sociale a même donné l’exemple tragique du 8 septembre 2024 qui résonne encore dans les esprits. Cette nuit-là, le chavirement d’une pirogue a coûté la vie à des dizaines de jeunes, laissant derrière eux des veuves, des orphelins et des familles endeuillées. Les quartiers de Thiocé-Est et Ouest ainsi que Tefess ont été particulièrement touchés par cette tragédie, provoquant une psychose généralisée.

Face à cette crise, les acteurs de la pêche sont convaincus que les solutions doivent émerger d’une concertation inclusive. «Ce sont les acteurs eux-mêmes qui peuvent identifier les solutions les plus adaptées et nous sommes ici pour valider ensemble les recommandations. Ces recommandations visent notamment à redynamiser le secteur, afin qu’il redevienne une source de revenus stable et attractive pour les jeunes», a déclaré Mme Aby Sarr.

Doudou Faye, chef de Service départemental de l’Action sociale de Mbour et secrétaire du Comité de lutte contre la migration irrégulière, a insisté sur l’importance de cette étude pour «mieux comprendre les véritables facteurs explicatifs de la migration irrégulière et identifier les problèmes concrets du secteur. Le rapport met en évidence la nécessité d’une action concertée entre les autorités locales, le gouvernement et les partenaires internationaux. La mer étant un bien commun à plusieurs pays, une meilleure gestion des ressources halieutiques et des accords de pêche équitables sont indispensables pour assurer la durabilité du secteur».

Par ailleurs, il a lancé un appel pressant aux jeunes afin qu’ils restent et participent au développement local. «Il faut créer les conditions pour que ces jeunes puissent avoir un emploi digne ici, chez eux», plaide Doudou Faye.
La pêche à Mbour peut-elle retrouver son lustre d’antan et offrir une alternative à la migration irrégulière ? Les résultats de cette restitution pourraient constituer une première étape vers des solutions durables.
Par Alioune Badara CISS (Correspondant) – abciss@lequotidien.sn