Dans l’imagerie populaire, le Sénégal est encore un pays de cultivateurs et de pêcheurs. Sans doute parce que ces deux secteurs représentent encore les plus gros employeurs du pays. Mais la réalité est que pour les pouvoirs publics, dans un pays dont les ressources financières proviennent essentiellement de taxes, le secteur minier est depuis 2014 l’un des plus gros contributeurs au budget de l’Etat. Et avec l’exploitation très prochaine des hydrocarbures, cette situation va s’accroître encore plus.
Quand on parle de ressources minières au Sénégal, le citoyen lambda ne se rend pas encore compte de l’ampleur et de l’importance de l’activité économique. A la rigueur, depuis un certain temps, avec les rêves d’«émiratisation» que certains commencent à dresser des plans sur la comète, en nous promettant un avenir semblable à celui des pays du Golfe arabo-persique, grâce aux ressources non encore exploitées de nos fonds marins.
Pourtant, depuis un bon moment, les ressources fiscales proviennent en bonne partie des
recettes tirées de l’exportation de l’or, du phosphate et même du zircon. Ce qui permet de dire que, loin d’être une vue de l’esprit, le Sénégal est déjà un pays minier.
Des chiffres du Fonds monétaire international, dont les dernières dans une étude datant du mois de décembre dernier, indiquent que la participation du secteur minier au Pib n’a fait que croître depuis 2014 pour s’établir à 2,5% en 2018, selon les dernières projections. Cette contribution du secteur minier peut être encore amplifiée si l’on tient compte des retombées dans d’autres secteurs tels le transport et la logistique, ou l’industrie
chimique. Cela se remarque dans les recettes fiscales, dont les parts du secteur minier sont passées de 3,2% en 2013 à 5,2% en 2016. Les revenus exceptionnels tirés du règlement du contentieux avec Arcelor Mittal avaient permis de porter ces parts des recettes minières à 6,4% du total en 2014.
Au-delà de cela, l’or représente déjà à ce jour la plus importante ressource minière, avec 40% de la valeur de toutes les exploitations minières. Il représente également près de 15% des exportations minières. Le titanium et le zircon font, à eux deux, près de 6% des exportations minières. L’exploitation du pétrole et du gaz, attendue pour 2021 au plus tôt, devrait accélérer les choses et faire encore plus du Sénégal un pays minier. Le Fmi projette que les revenus de ces deux ressources permettront de porter le Pib jusqu’à 13% en 2022, mais que cette croissance pourrait ne pas durer lorsque le niveau de production de ces ressources commencera à décliner.